Archive pour mai 2009

LES 70 ANS DE ORCHESTRA ARAGON

Samedi 23 mai 2009


CONCERT MÉMORABLE LE 22 MAI 2009 À Dakar, Sénégal.

 


L’épopée d’Orquesta Aragon commence en septembre 1939 à Cienfuegos, un petit port du centre de Cuba - troisième ville de l’île.  Un musicien contrebassiste nommé Oreste Aragon Cantero (également prothésiste dentaire à ses heures perdues) monte une formation sans cuivres, où les voix et la rythmique sont soutenues par des violons et une flûte. Ses musiciens étaient alors dockers ou roulaient du tabac le jour et jouaient le danzon la nuit.

 

Le groupe qui s’appelle Ritmica del 39, puis Ritmica Aragon avant d’adopter son nom définitif d’Orquesta Aragon fin 1940, joue aussi des valses et des airs espagnols à la mode. L’orchestre n’est sans doute qu’un groupe parmi tous ceux qui animent les bals et les fêtes, mais la personnalité de son fondateur fait la différence.

 

Malgré leur succès, il faut attendre les années cinquante pour que le groupe se produise de manière régulière à La Havane et enregistre ses premiers disques. Grâce à la mode du cha-cha-cha qui déferle sur le monde entier, les cubains ont le vent en poupe et l’Orquesta Aragon part tourner sur le continent américain (et plus particulièrement aux Etats-Unis). Mais, guerre froide oblige, le groupe se tourne vers les pays “amis” (Pologne, Allemagne de l’Est, URSS…) et l’Afrique noire. Il devient ainsi le premier groupe cubain à sillonner le continent noir de la Guinée à Zanzibar en passant par le Mali, le Sénégal, le Zaïre, le Ghana. On compte plus d’une vingtaine de pays africains où le nom Orquesta Aragon est à lui seul une légende.

 

Au passage, le répertoire du groupe se déleste de ses morceaux cha-cha-cha (en train de passer de mode) pour se convertir au mozan-cha (adapté du style mozambique), au cha-onda et même au rock avec le shake-cha. Au fil des années soixante-dix, ces musiciens cubains deviennent de plus en plus africains : ils reprennent des chansons connues “Muanga” du congolais Francklin Boukaka ou encore “Yake boy” du sénégalais Pape Seck et accompagnent même Labah Sosseh, le grand salséro sénégalais.

 

Leur popularité ne se démentit pas, bien que des charanga plus modernes et plus électriques arrivent sur le marché. L’Orquesta Aragon semble indestructible. Bien que Rafael Lay Apezteguia leader de la formation depuis 1948 (il y était entré comme violoniste prodige à l’âge de 13 ans) meure dans un accident de voiture en 1982, son fils Rafael Lay Bravo, violoniste lui aussi, reprend le flambeau).

 

Autre coup dur, le label d’état cubain Egrem cesse de les soutenir aussi intensément que par le passé. Qu’importe, les papys multiplient les tournées internationales pour gagner leur vie. Et avec un répertoire riche de plus de 700 chansons, ils ont de quoi faire danser les salles pendant encore plusieurs décennies.

 

Devenue au fil des années l’une des plus formidables institutions de la musique cubaine, cette charanga a été regagnée par la nouvelle génération, avec entre autres les fils de Rafael Lay, de Rafael Bacallao et de Pepe Palma. Elle demeure l’ambassadrice truculente de ce folklore authentiquement insulaire, nourri à toutes les influences qui se sont combinées dans le pays. Fidèles, encore et toujours, à leur histoire et à l’énergie créative de la Aragon ses musiciens équilibrent la relecture du patrimoine de l’Orquesta ou du répertoire cubain, et aiment par-dessus tout inviter de prestigieux solistes (Papa Wemba, Omara Portuondo, Cheo Feliciano).

 

Le rêve d’Oreste Aragon est une réalité depuis soixante-dix ans, et il n’a pas fini de nous faire aimer Cuba, sa musique et son peuple.

© Cityvox

.

 

 

Le socialisme du XXIe siècle, un réformisme radical

Samedi 23 mai 2009


LE MONDE | 23.05.09 | 13h53.  Point de vue.

 


Selon une figure imposée du débat politique, la priorité serait désormais pour le PS d’”inventer le socialisme du XXIe siècle”. Devenue un leitmotiv, cette formule sonne étrangement. En effet, on n’invente que ce qui n’existe pas. Or le socialisme existe. Il a précédé le marxisme et lui survit. Il se bat pour encadrer et maîtriser le capitalisme depuis la naissance de ce dernier au XIXe siècle. Et quels que soient ses traits nouveaux, le “socialisme du XXIe siècle” restera, dans ses finalités comme dans sa philosophie, très proche de ses aïeux des deux siècles précédents.

 

Dès lors, l’usage récurrent de cette formule semble témoigner de l’envie “d’en finir” avec une doctrine politique jugée caduque, une envie qui agite nombre d’observateurs et même certains socialistes. Formule lénifiante qui nous donne en réalité plutôt à entendre : “enterrer le socialisme du XXe siècle”… Et qui nous donne à penser l’essentiel : une doctrine politique ne s’invente pas, elle se déduit.

 

Précisément, elle se déduit de trois éléments. Des valeurs que l’on porte et au nom desquelles on affirme agir, et de la fidélité qu’on leur témoigne, d’où découlent les objectifs assignés à l’action politique. De la réalité - scientifique, technologique, culturelle, politique, sociale, économique - que l’on souhaite transformer et du rapport que l’on entretient avec cette réalité. De la méthode politique retenue, enfin.

 

Les valeurs du socialisme sont pérennes. Né du sentiment de l’égalité naturelle entre les hommes et du refus de l’inégalité de l’ordre social, fondé sur la conviction que l’homme est perfectible et que la société peut et doit être transformée, le socialisme demeure une volonté de justice et une pensée du progrès. La relation des socialistes au réel traduit, elle, une sorte de fatigue collective.

 

Si, avec Hannah Arendt, on retient que “la pensée politique consiste essentiellement en la faculté de juger”, alors, la pensée socialiste souffre de langueur. Europe, fiscalité, immigration, éducation… sont quelques-unes des questions, certes très complexes, que nous peinons à trancher. Complexité qui justifie une longue réflexion et une analyse soigneuse, mais qui ne saurait être l’alibi de la frilosité ou de la tiédeur. Dans cette difficulté à juger de la réalité, la “crise de leadership” ouverte en 2002 joue sans aucun doute un rôle central. Mais c’est dans son rapport avec le réel qu’il faut chercher les causes du malaise persistant de la pensée socialiste.


Il est donc illusoire de s’en remettre à la seule recherche de ces fameuses “idées nouvelles” pour nous sortir de l’ornière. Car les idées, en réalité, ne manquent pas au PS. Ce qui manque, c’est la capacité à choisir entre elles et à les présenter de façon cohérente et articulée en un projet clair et ferme, un projet qui tranche les grands débats contemporains. Ce qu’il faut, c’est donner un sens à ce projet, c’est-à-dire à la fois une direction et une signification.

 

Une deuxième expression court sous toutes les plumes, agite toutes les lèvres : le PS serait gouverné par un “surmoi marxiste”. Et puisque c’est le vocabulaire de la psychanalyse qu’ont convoqué ses auteurs, laissons la théorie psychanalytique éclairer l’analyse politique. Si “surmoi” il y a, alors c’est que pulsion à dominer il y a. En l’occurrence, une pulsion gestionnaire

 

Alors même que la droite, depuis trente-cinq ans, a géré le pays de façon souvent médiocre et parfois calamiteuse, nous continuons trop souvent à intérioriser une forme d’infériorité politique et à en rajouter dans la course au titre de meilleur élève de la classe de gestion. Pourtant, nos concitoyens savent qui a vaincu l’inflation des années 1980, qui a modernisé notre appareil industriel, qui a rétabli la paix civile en Nouvelle-Calédonie, qui a su restaurer l’équilibre des finances publiques tout en créant 2 millions d’emplois à la fin des années 1990 : les socialistes ! Ils nous reconnaissent depuis longtemps la capacité à gérer les affaires de la France, et ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher les raisons de leur éloignement. Mais plutôt dans le conformisme intellectuel, le manque d’imagination politique, la coupure avec les couches populaires, la pusillanimité qui nous caractérisent parfois.

 

Ainsi, les socialistes n’ont-ils pas assez dénoncé les perversions du capitalisme quand il était possible et nécessaire de le faire, c’est-à-dire avant “la crise”. Maintenant qu’elle est là et que, par cynisme, les zélateurs de la mondialisation heureuse, contempteurs du modèle français, “déclinologues” patentés et donneurs de leçons libéraux entonnent, toute honte bue, l’air du “plus keynésien que moi, tu meurs !”, mêler nos voix aux leurs pour dénoncer les dérives du capitalisme nous rend inaudibles. Nous avons beau dire que ce sont nos idées qui étaient justes et que la crise les a validées, nous peinons à convaincre.

 

Les socialistes doivent enfin reprendre la question de la méthode politique, une méthode souvent définie comme - troisième expression consacrée - un “réformisme de gauche”. Définir ainsi le socialisme, c’est énoncer une tautologie. La réforme est en effet le mode d’action des socialistes depuis qu’ils ont accepté l’exercice du pouvoir, c’est-à-dire depuis 1936 et le Front populaire de Léon Blum.

 

Une fois ce constat posé, on a donc beaucoup dit, mais pas tout. Car ce qui doit caractériser le socialisme, c’est l’intensité de son réformisme. Il y a des réformes fortes, simples, intelligibles par tous, qui transforment une société : ce sont celles-là qui sont attendues des socialistes.

 

Ce sont celles-là qu’ils ont su faire aboutir, en abolissant la peine de mort, en votant la décentralisation, en bâtissant l’union monétaire de l’Europe, en instaurant les 35 heures, en créant le pacs et en promouvant la parité dans l’ordre politique. Ce sont celles-là qu’ils n’ont parfois plus su proposer, lorsqu’ils ont quitté des yeux leur étoile polaire : le volontarisme politique. Ne pas faire preuve de volontarisme pour un socialiste, c’est pécher deux fois : la première contre son idéal, qui impose le combat déterminé contre l’ordre des choses ; la seconde, contre l’identité de la France, vieille nation pétrie de politique et qui en attend encore quelque chose.

 

Or il existe parfois chez les socialistes une forme de survalorisation des contraintes qui confine à la fascination, voire frôle le masochisme. Le PS doit incarner un réformisme volontariste. Volontariste parce que réaliste. C’est le réalisme qui, plus que jamais, impose l’ambition politique !

 

A cet égard, la véritable “ouverture” à gauche opérée par Nicolas Sarkozy ne consiste pas dans le détournement de quelques personnalités, mais dans le rapt du volontarisme politique par lui effectué en 2007. Suspecter de façon systématique Nicolas Sarkozy d’arrière-pensées est une hygiène nécessaire. Dénoncer ses rodomontades et ses incohérences est une oeuvre de salut public. S’opposer avec force à sa politique injuste est une obligation. Mais cela ne suffira pas à faire une politique.

 

Au moment où le séisme économique et financier ébranle les dogmes libéraux les mieux établis, et que s’ouvre ainsi un espace politique, il est urgent de travailler à un socialisme de reconquête. Et, pour commencer, de revoir ensemble le choix des mots qui structurent le combat politique. Il en va de l’identité socialiste comme de notre capacité à gagner les élections et à réussir, une fois revenus aux responsabilités.

 

Aquilino Morelle, professeur associé à l’université Paris I Panthéon Sorbonne, maître de conférences à Sciences Po Paris, ex-conseiller de Lionel Jospin à Matignon.

Les jeunes issus de l’immigration ont de l’ambition

Mercredi 20 mai 2009


Les jeunes issus de l’immigration ont de plus grandes ambitions scolaires et professionnelles que les jeunes Québécois d’origine. Et ils considèrent davantage le mariage comme un engagement incontournable dans la vie de couple, a indiqué Audrey Duchesne de l’Université du Québec à Trois-Rivières lors d’un colloque qui se déroulait hier au congrès de l’Acfas.

 

Dans le cadre d’une vaste étude visant à mieux connaître les valeurs des jeunes Québécois âgés de 17 à 25 ans, cette étudiante à la maîtrise s’est intéressée particulièrement à quelques jeunes qui étaient nés au Québec de parents immigrants ou qui étaient arrivés au pays en bas âge.

 

Les jeunes issus de l’immigration avaient davantage l’ambition de réussir professionnellement, a-t-elle relevé. Chez les Asiatiques particulièrement, les études et le travail figurent au sommet de leur système de valeurs. «La réalisation de soi passe avant tout par le travail acharné», a souligné Audrey Duchesne.

 

Pour les filles de toute origine, la vie de couple est une affaire sérieuse qui est indissociable du mariage. «Elles aspirent à vivre en couple, mais à la fois, elles manifestent une certaine crainte de l’engagement qu’il implique, car une fois qu’on est engagé — comprendre marié — il n’est pas question de divorcer», a expliqué Mme Duchesne.

 

Fonder une famille fait aussi partie de leur projet de vie, mais «elles ne veulent pas reproduire le rôle que leur mère a eu au sein de leur famille». Elles désirent une famille moins nombreuse que la leur et ne veulent pas demeurer en permanence au foyer pour prendre soin de la famille. «Le travail professionnel est primordial, car à leurs yeux, il permet de se réaliser», a précisé la chercheuse.

 

Les jeunes issus de l’immigration sont souvent très attachés à leur famille. Malgré cet attachement, ils entrent assez fréquemment en conflit avec leurs parents «qui leur mettent beaucoup de pression pour qu’ils réussissent leurs études». Autant ils considèrent leurs parents comme des modèles pour certaines valeurs, autant ils trouvent que ceux-ci «émettent des jugements trop facilement, sont fermés d’esprit, sont trop traditionnels et même parfois racistes».

 

La chercheuse a remarqué que les jeunes dont les parents sont immigrants tentent de concilier les valeurs familiales et celles de la société dans laquelle ils vivent. «Ils ne tournent pas le dos complètement à leurs valeurs familiales pour adhérer aux valeurs de leur pays d’adoption, mais ils optent plutôt pour un métissage des deux», a-t-elle commenté.

 

La jeune chercheuse ne se permet pas de grandes généralisations étant donné qu’elle a interviewé quelques personnes seulement. «Des études qualitatives comme celle-ci représentent énormément de travail, c’est pourquoi notre échantillon est si petit. Mais les résultats nous donnent tout de même une bonne idée de ce que pensent les jeunes immigrants dans leur ensemble», conclut-elle.

Pauline Gravel.  Le Devoir 16 et 17 mai 2009.

Bénin, Mon cousin Ouanilo de retour à Abomey

Jeudi 7 mai 2009

Le cercueil du prince Arini Ouanilo a été exhumé du cimetière Nord de Bordeaux pour être rapatrié à Abomey. Le prince reposera désormais parmi les siens.

(Photo : AFP)

La dépouille du prince Ouanilo, fils de Béhanzin, dernier roi du Danhomè au centre de l’actuel Bénin, retrouvera sa terre natale. Son corps a été exhumé le 25 septembre 2006, du cimetière Nord de Bordeaux où il reposait depuis 1928. Le cercueil, drapé aux couleurs nationales et portant tous les attributs princiers, fera une escale à Cotonou avant le dernier voyage à Abomey, la capitale du royaume. Ouanilo y sera inhumé le jeudi 28 septembre 2006 dans un petit palais érigé en sa mémoire.

Le ministre béninois de la Culture de la jeunesse et des sports, Théophile Montcho et une délégation de la famille royale d’Abomey ont spécialement fait le voyage de Bordeaux. Le consul régional du Bénin, Pierre Michel Delgay avait organisé une cérémonie haute en couleurs et empreinte d’émotions. Mais avant qu’elle ne débute, un petit détail préoccupait le chef des cultes, descendant lui aussi du roi Béhanzin. Il avait la mission d’identifier le corps afin «d’éviter toute erreur sur la personne». Tel un légiste, il a trituré le crâne de la dépouille, puis il a remarqué le détail qu’il lui fallait. Il confirme à l’assistance qu’il s’agit effectivement du prince Ouanilo. Libation, louanges, danse funéraire «Zinli», comme dans la cour royale d’Abomey, ont pu alors être exécutées en toute quiétude. Après les formalités administratives d’usage, les restes du prince seront rapatriés au Bénin, le mercredi 27 septembre.

Pour la famille royale et les descendants du roi Béhanzin, l’exhumation du corps de Ouanilo a laissé un sentiment mêlé de joie, de peine et de fierté. Grâce à l’acharnement de Francis Awagbè Béhanzin, un commissaire de police de Cotonou, qui a conduit un véritable travail d’investigation de la Martinique à Bordeaux en passant par Blida en Algérie, la famille royale d’Abomey a retrouvé le prince héritier mort à l’étranger dont plus personne n’avait de traces depuis 1928.

Né en 1886, à Abomey, Ouanilo est parti en exil avec son père, le roi Béhanzin battu par l’armée française, en 1894. Leur première destination a été la Martinique, où ils vécurent de 1894 à 1906. Ouanilo y a fait ses études jusqu’en classe de terminal. Béhanzin, déjà très souffrant a été renvoyé en Afrique, en Algérie en avril 1906 et meurt la même année au mois de décembre. Il est enterré au cimetière Saint-Eugène d’Alger puis sa cour et ses épouses sont rapatriées au Dahomey. Seul Ouanilo est resté à Alger où il passa son baccalauréat avec une inscription à la clé en faculté de droit de Bordeaux en 1909. Il en sort avec une licence de droit en 1912, devient avocat stagiaire et s’inscrit au barreau de Paris en 1915. Mais il démissionna peu après pour se faire embaucher à la compagnie des chemins de fer du sud à Bordeaux.

Les inquiétudes de l’administration coloniale

En 1921, il effectua son premier voyage de retour au Dahomey qu’il avait quitté à l’âge de huit ans. Il y passe six mois, étroitement surveillé par l’administration coloniale qui préférait le savoir loin de son pays. Il avait vaguement été question de la reprise du trône, mais l’administration coloniale a eu peur de la «refondation» du puissant royaume du Danhomè, d’autant que le prince héritier Ouanilo a été à l’école française. Toutefois, les inquiétudes de l’administration coloniale ont été vite dissipées par la présence aux côtés du prince de Maria-Valentina Ducaud, fille du consul d’Argentine à Bordeaux. Le couple avait manifesté à plusieurs reprises la volonté de retourner à vivre Bordeaux. En effet, Ouanilo avait épousé en 1918 Maria-Valentina, issue de la bourgeoisie bordelaise.

Ouanilo, très attaché à son père, vécut comme une grande déchirure l’exil même après la mort de son père. Il obtint du gouvernement français que la dépouille de son père retourne à Abomey en mars 1928. Après les obsèques royales, il repartit avec son épouse Maria-Valentina, vers la France. Mais pris d’une grave crise de pneumonie, il meurt à l’hôpital militaire de Dakar le 19 mai 1928. Enterré sur place, Maria-Valentina exige et obtient le rapatriement de son corps à Bordeaux. L’enterrement eut lieu le 3 octobre 1928, au cimetière Nord de la ville. Et depuis la famille royale d’Abomey était restée sans nouvelle. Elle a aujourd’hui le sentiment d’une page qui se referme.

Francis Awagbè Béhanzin, à l’origine de cette reconstitution, pense maintenant à Maria-Valentina. Ses premières recherches révèlent qu’elle aurait vécu à Paris et y serait enterrée. Sa famille en France aurait entièrement disparu. Avec le prince Ouanilo, elle n’eut pas d’enfant mais, princesse du Danhomè, elle a aussi droit aux honneurs du royaume. C’est peut-être la prochaine mission de Francis Awagbè Béhanzin qui a le souci certainement de coller au plus près à la signification du prénom du prince. Ouanilo veut dire, en langue fon du Danhomè, «Tout acte posé par un homme doit entrer dans l’histoire».

 

 

par Didier  Samson

Article publié le 27/09/2006 Dernière mise à jour le 27/09/2006 à 13:08 T