Les jeunes issus de l’immigration ont de l’ambition


Les jeunes issus de l’immigration ont de plus grandes ambitions scolaires et professionnelles que les jeunes Québécois d’origine. Et ils considèrent davantage le mariage comme un engagement incontournable dans la vie de couple, a indiqué Audrey Duchesne de l’Université du Québec à Trois-Rivières lors d’un colloque qui se déroulait hier au congrès de l’Acfas.

 

Dans le cadre d’une vaste étude visant à mieux connaître les valeurs des jeunes Québécois âgés de 17 à 25 ans, cette étudiante à la maîtrise s’est intéressée particulièrement à quelques jeunes qui étaient nés au Québec de parents immigrants ou qui étaient arrivés au pays en bas âge.

 

Les jeunes issus de l’immigration avaient davantage l’ambition de réussir professionnellement, a-t-elle relevé. Chez les Asiatiques particulièrement, les études et le travail figurent au sommet de leur système de valeurs. «La réalisation de soi passe avant tout par le travail acharné», a souligné Audrey Duchesne.

 

Pour les filles de toute origine, la vie de couple est une affaire sérieuse qui est indissociable du mariage. «Elles aspirent à vivre en couple, mais à la fois, elles manifestent une certaine crainte de l’engagement qu’il implique, car une fois qu’on est engagé — comprendre marié — il n’est pas question de divorcer», a expliqué Mme Duchesne.

 

Fonder une famille fait aussi partie de leur projet de vie, mais «elles ne veulent pas reproduire le rôle que leur mère a eu au sein de leur famille». Elles désirent une famille moins nombreuse que la leur et ne veulent pas demeurer en permanence au foyer pour prendre soin de la famille. «Le travail professionnel est primordial, car à leurs yeux, il permet de se réaliser», a précisé la chercheuse.

 

Les jeunes issus de l’immigration sont souvent très attachés à leur famille. Malgré cet attachement, ils entrent assez fréquemment en conflit avec leurs parents «qui leur mettent beaucoup de pression pour qu’ils réussissent leurs études». Autant ils considèrent leurs parents comme des modèles pour certaines valeurs, autant ils trouvent que ceux-ci «émettent des jugements trop facilement, sont fermés d’esprit, sont trop traditionnels et même parfois racistes».

 

La chercheuse a remarqué que les jeunes dont les parents sont immigrants tentent de concilier les valeurs familiales et celles de la société dans laquelle ils vivent. «Ils ne tournent pas le dos complètement à leurs valeurs familiales pour adhérer aux valeurs de leur pays d’adoption, mais ils optent plutôt pour un métissage des deux», a-t-elle commenté.

 

La jeune chercheuse ne se permet pas de grandes généralisations étant donné qu’elle a interviewé quelques personnes seulement. «Des études qualitatives comme celle-ci représentent énormément de travail, c’est pourquoi notre échantillon est si petit. Mais les résultats nous donnent tout de même une bonne idée de ce que pensent les jeunes immigrants dans leur ensemble», conclut-elle.

Pauline Gravel.  Le Devoir 16 et 17 mai 2009.

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