46 664 (son matricule en prison pendant 28 ans)Nelson Rolihlahla MANDELA. (1918-2008) 90 ANS

Né le 18 juillet 1918 à Mvezo, district d’Umtata (Transkei) en Afrique du Sud. Prix Nobel de la paix en 1993.Héros de la liberté d’un peuple contre l’apartheid. L’apartheid est un système mis en place en 1913 par les colons européens établis en Afrique du Sud. Le Land Act leur permettait de prendre possession de toutes les terres et de dominer les habitants du pays pourtant majoritaires. Ce mode de contrôle absolu des personnes et des richesses immenses du pays, sera constitutionnalisé en 1948 par des mesures de renforcement des politiques raciales. L’apartheid instaure la séparation totale et une hiérarchie entre les composantes de la société, l’inégalité est consacrée par un système politique raciste. Des lois et règlements discriminatoires interdisent tout contact entre les communautés noire, blanche, métis et indienne. Fils aîné de la famille royale Tembu du Transkei, Nelson Mandela étudie dans les écoles privées dirigées par des missionnaires, il est admis en 1938 dans l’institution supérieure la plus importante réservée aux Africains, l’Université de Fort Hare. Diplômé en droit, il avait déjà été suspendu en 1940 parce qu’il avait organisé des manifestations estudiantines. Après avoir déménagé à Johannesburg il acheva ses études en droit à l’Université d’Afrique du Sud en 1942. Un an plus tard il débuta sa carrière professionnelle d’avocat comme employé de l’Université de Witwatersrand. Désormais, son engagement professionnel sera marqué par ses mandats de procureur et de plus en plus par son action politique au sein de l’ANC. L’African National Congress (ANC), fondé en 1912, demeure l’organisation politique la plus ancienne du continent africain. En 1944, associé dans un cabinet d’avocats avec Oliver Tambo, il adhère à l’ANC et fonde l’aile jeunesse du parti qui va revitaliser l’ensemble du mouvement anti-apartheid. Il sera élu successivement, secrétaire et président de la Ligue des jeunes de l’ANC en 1948 et 1950 alors qu’il assume des responsabilités au Comité exécutif du parti.

Leader politique et chef historique de l’ANC, Mandela entre dans la clandestinité en 1960 quand ce parti politique est interdit par le pouvoir blanc raciste. Auparavant, de 1952 à 1956, il avait organisé contre toutes les mesures de durcicement des politiques racistes du gouvernement, des campagnes de désobéissance civile, des manifestations lors du procès qui l’obligea à renoncer à tout engagement politique pendant ciinq ans. Arrêté et mis en prison en 1962 puis condamné à la prison à perpétuité en 1964, après le long procès dit de la trahison, organisé contre les principaux chefs de l’ANC, il est incarcéré à la prison de Robben Island. Nelson Mandela devient progressivement le prisonnier politique le plus connu et l’un des plus célèbres du monde. La qualité de sa réflexion politique, la force de son charisme dépassaient largement les enceintes de la prison où il devait exécuter de lourds travaux forcés. En 1982 il est transféré à la prison de Pollsmore près de la ville du Cap. Sa popularité incontestable, dûe à la rigueur de la démarche intelligente qu’il a développé face aux brutalités du régime sanguinaire de l’apartheid, suscitera un mouvement de contestation et de nombreuses pressions politiques et économiques contre le gouvernement sud-africain dans la plupart des organisations et des instances internationales. En 1985, le pouvoir en place tente de lui faire acheter sa libération en le forçant à renoncer à ses convictions d’opposant à l’apartheid, il ne céda pas d’un pouce. En 1988, à 70 ans, affaibli par des ennuis de santé causés par des conditions de détention inhumaines, Nelson Mandela fut déplacé à la prison de Victor Verster près de Paarl où la vie semblait moins éprouvante. Des représentants du gouvernement, des ministres et les présidents Botha et de Klerk rencontrent successivement Nelson Mandela. Les négociations sont amorcées au bout de 26 années de détention, un des compagnons et ex-co-accusé avec Mandela au procès de Rivonia, est libéré.

Les discussions se poursuivent, Mandela impose une éthique politique solide et maintient les conditions essentielles de son combat pour des changements importants dans le système politique : démocratisation des institutions, égalité des droits pour tous les citoyens sans égard à la couleur de leur peau, une personne représente un vote, un nouveau gouvernement élu au suffrage universel, reconnaissance des partis politiques et de l’ANC. Personne n’est mieux placé que cet homme, libéré en février 1990, après 28 ans de prison, pour organiser et assurer de manière crédible la transition pacifique d’une société discriminatoire vers une Afrique du Sud ouverte, démocratique et non-raciale. Son envergure personnelle, son palmarès remarquable de politique, de militant ayant donné cinquante ans de vie pour plus de justice, en font une légende vivante. Ce qui impressionne ses interlocuteurs dans le monde : l’absence de rancoeur face aux Blancs sud-africains à qui il assure une participation totale au développement de

la nouvelle Afrique du Sud.

En réserve de la République il est nommé vice-président puis président de l’ANC en 1991 à la suite d’Oliver Tambo. Dès sa sortie des geôles en 1990, une tournée mondiale qui l’avait mené en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi sur le continent africain. À 73 ans, en 1993, il reçoit avec Fréderick de Klerk, le prix Nobel de

la Paix. En 1994, Nelson R. Mandela est élu comme premier président à l’issu des premiers scrutins démocratiques de l’Afrique du Sud. Il venait de réussir, le dernier pari de son existence : relancer un grand parti politique en lui donnant une stature nationale, abolir l’apartheid en 1992, créer des conditions capables de réduire les tensions entre les composantes de la population et réussir à gouverner. Son mandat de cinq ans prendra fin en 1999, il se retirera des affaires publiques car la relève est prête. Il sait tout de même qu’il faudra encore plusieurs décennies pour éliminer les conséquences sociales, économiques, psychologiques et politiques de l’apartheid. YVES ALAVO.

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