Archive pour avril 2008

Catherine Potter, musique étoilée, Souffle et ciel d’encens

Mardi 29 avril 2008

DUNIYA PROJECT, le dernier spectacle.

Salle de diffusion de Parc Extension,

L’accueil est sacré. Martin Hurtubise, maître des lieux, reçoit. Il est présent. Agent culturel, responsable de la programmation de la salle de diffusion de Parc extension, il salue, sourit, annonce, fait le lien entre public et artistes. En arrivant l’odeur de l’encens circule. Paix des esprits. Présences dans la salle. Les spectateurs s’installent. Parmi les membres de cette grande confrérie (auditoire réel) des amis… deux amis de Catherine qui ont vécu à Calcutta le passage de Duniya Project, il y a quelques semaines, ils sont ici ce soir, immense bénédiction pour l’auteure-compositrice. Catherine Potter est sensible aux messages des esprits. Scène indienne.

Mise en place pour chaque instrumentiste. Estrade basse, tapis, accessoires spéciaux, coussins, sièges basse portée adaptés. Coin pour le « tabliste ». Position en faux centre pour Catherine qui choisit un angle asymétrique, elle dépose ses flûtes de bambou et autres fibres, le tempura électrique et un autre manuel trouvent leur place aussi. Secteur pour la contre basse et surface surélevée pour Ravi qui frappe les tambours bas. Point de mire et de nos regards, Catherine siège avec élégance. Vêtue d’un sari-robe et foulard bleus marié d’autres couleurs d’accompagnement, teintes de rouge et orange, léger vert discret. Majestueuse, lumineuse, elle adopte la posture d’une yogiste, jambes entrecroisées, jambes lovées autour d’une colonne spirituelle où se déploient les sons jaillis de la flûte Bansuri.

Chaque membre de l’ensemble qui entoure Catherine Potter, (Catherine Potter au Bansuri, Ravi Naimpally aux Tablas, Nicolas Caloia à la contre basse, Thom Gossage à la batterie, ainsi que les deux artistes invité : Nathalie Dussault à la Kora et Jorge Martinez à la guitare Flamenco), se glisse avec maîtrise et professionnalisme, s’exprime avec une sensibilité au cœur des compositions. L’envoûtement nous prend, spectateurs, participants, nous sommes en errance dans ce ballet harmonique et mélodique.

Nous voyageons sur un parcours où se lient les airs antiques, les danses sahéliennes, les tendres berceuses des Maharadjas, les longues et langoureuses berbères notes égrainées selon les codes dans un dialogue percussif, dans des propos percussifs qui évoquent parfois

la Djoudjou music des Yorubas. Aussi des allusions aux rythmes Balkans, des échos des tonnerres équatoriens et la volupté du Gange qui couvre l’ensemble d’une trame sensuelle et poétique.

Chaîne de sentiments. Quelque fois le chapelet des notes du désert et de la savane issues de la harpe nègre, Kora, nous enchante en un mouvement inédit qui donne toute la mesure du charme de cet instrument. Nathalie Dussault, connue sous le nom de Nathalie Cora, artiste invité pour cette soirée, a livré avec tendresse et professionnalisme un message chaleureux et harmonieux.

Le concert offre un enchaînement de pièces, mélodies, rythmes, couleurs trempées dans une mer d’émotions. La musique habite l’espace avec grâce entrecoupée de courtes présentations, sobres, parfois plus personnelles. L’eau sonore nous enveloppe : vagues gracieuses, embruns décorés des estampes de l’âme; couloirs de bonheur, de paix et une totale communion.

Le concert coule durant presque deux heures, les esprits en cadences sublimes, flottent. Beauté des notes, pureté de l’inspiration, sensualité chaude et dépouillée, fine stimulation des sens, tonalités spirituelles. Duniya Project en direct, live, est de loin une autre expérience, supérieure conscience qui dépasse l’écoute du CD.

Les pièces jouées ce soir : dans un autre ordre

Aube (flute, guitare, tabla, basse, drums) boucle et spirale, allégresse du son, transcendance rythmique douce.

Gori : envolée de colombes et invitation au voyage, fluide jeu des respirations, thème intime qui peut conduire à l’union parfaite.

Vol Blanc : le goût d’un délicieux thé vert à

la menthe. Conte mélodie des guitares, tabla présents, la flûte guide et chante.

Kutila : appel au large, son limpide qui berce dans un jeu et un dialogue entre tous les instruments.

Jaswandi : présence de la guitare de Jorge Martinez (artiste invité) relents flamencos en pointe, nomadisme des musiques et retour aux origines berbères. La boucle est faite en une poésie mystique. Lune des temps anciens, cette flûte est femme de cœur et ballerine de l’âme.

Ganga (flute, kora, tabla, basse, drums)co-composition

Catherine Potter et Nathalie Kora qui est invitée et à joué avec sensibilité, discrétion, mais d’une mélodicité unique, calibrée, amoureuse des nuances.

Raga Hansasdwani (flute, tabla, tanpura), tire du répertoire de la musique classique indienne.

Hariji’s Dhun (flute, guitare, tabla, basse, drums, tanpura)

Karuna (flute, guitare, kora, tabla, basse, drums), ujne participation de Nathalie Kora (Dussault), harmonisée et fluide.