Archive pour juin 2008

EURO 2008 : VIVA ESPANA!

Dimanche 29 juin 2008

12 BUTS MARQUÉS EN SIX MATCHES CONTRE TROIS ENCAISSÉS, tel est le palmarès de l’équipe invaincue de cette 13e coupe d’Europe des Nations européennes (UEFA). Sept des buts l’ont été face à la Russie, équipe du même groupe qui a réussi à se qualifier pour les demi-finales. Depuis 1964, les Espagnols n’ont réussi à décrocher aucun titre européen comme nation du foot. Cette finale est leur planche de lumière pour rétablir leur honneur. Ils sont classés au 4e rang par la FIFA, dans le concert des grandes nations du football mondial et 2e en Europe.

Attaques, contre-attaques des Espagnols, trois tirs au but dont deux têtes de José Sanz Fernando Torres, attaquant de pointe, titulaire de Liverpool et du signe astrologique du bélier (24 ans, né le 20 mars 1984) fer de lance de la Sélection nationale ibérique. L’Espagne domine ce début de match sans marquer. Les Allemands frappent, font des fautes, surtout leur capitaine Michael Ballack qui distribue coup de pied après coup de pied sans recevoir ni avertissement verbal, ni carton jaune de la part de l’arbitre.

Au tournant des trente minutes les Espagnols envoient encore, par Fàbregas un boulet vers Lehman qui n’a cessé d’être occupé durant cette première demi heure. Un quatrième coup franc causé par un coup de pied en l’air de Ballack, les ibériques dominent, ils sont souvent poussé au sol et enfin 33e minute, Fernando Torres marque en contre, le jeune homme de 24 ans ouvre le score. Justice. Le roi Juan Carlos est heureux. Belle manière face au coup de pied du gardien allemand qui est sorti tacler durement El Nino. Prouesse de technique et de rapidité qui axe cette équipe sur la rampe de la gloire. Gloire méritée, espoir de toute une péninsule où vivent près de 45 millions d’Espagnols euphoriques prêts, au coup de sifflet final, à laisser exploser leur joie, leur énergie, leur amour de la mélodie footballistique, jouée comme une farandole et un Flamenco héroïque, andalou et universel. Toutes et tous, les enfants de la révolution et du socialisme nouveau de José Luis Zapatero, chantaient en cÅ“ur les mots de Federico Garcia Lorca «C’est notre heure. Nous devons être jeunes et vaincre.»- extrait de Entrevista

Tirs sur tirs au but, coup de tête des Allemand contre Xabi Alonso et Silva, provocations et insultes. Aragones fait entrer des remplaçants et les Allemands perdent les nerfs. Coup franc pour l’Espagne et coup dans les bras de Lehman (gardien de l’Allemagne) par Sergio Ramos. Iniesta remporte une touche et les arbitres favorisent encore les Allemands. Ballack perd une balle et Cazorla a failli faire une passe de but à Torres. Ramos occasionne un coup franc dans l’entrée gauche de la surface de Cassilas et un coup franc de Fringes, l’Irano-Allemand Kurany en profite pour descendre un joueur espagnol, coup franc. Le match se développe, domination spatiale, maîtrise technique, gestion du temps et accélérations constantes, les joueurs ibériques planent sur le terrain de Vienne.

72e minute, 85e minute, tant de fautes et tant de fautes des Allemands, un autre coup franc que F.Villa et Hernandez tirent, rien. Les Espagnols dominent sans marquer, les Allemands attendent pour voler le match. Hors-jeu, astuces et antijeu. Touche de part de Puyol, le fol Kurany fait une autre faute sur Marcos Senna, un coup si évident que l’arbitre lui donne un carton jaune. Il reste 5 minutes avec les arrêts de jeu. L’Espagne perd de nombreuses balles. Ballack va perdre une 5e finale… Ballack insulte l’arbitre, un coup franc de plus pour les Espagnols. Les dernières minutes défilent et la gloire est au bout des efforts et de la magnanimité castellane. Viva Espana, la Coupe est dans les mains du gardien Casillas, capitaine valeureux qui remporte aussi le trophée du cerbère le plus constant de l’Europe, consécration totale pour ces artistes qui ont joué comme des artisans : respiration, ouverture, génie collectif et effort joyeux.

C’est un Marius Trésor ou encore un Amadou Tigana qui auraient pu être sur cette tribune du stade de Vienne avec Michel Platini et remettre la coupe et les médailles aux finalistes et aux vainqueurs. Mais, encore bien du chemin à construire en matière d’équité dans les instances internationales du sport où la représentativité est vraiment lacunaire.

Yves ALAVO.

Les héros de cette finale :Sans le meilleur buteur de la compétition le numéro 7 David Villa, 4 buts1 Iker Casillas »Gardien4 Carlos Marchena »Défenseur5 Carles Puyol »Défenseur11 Joan Capdevila »Défenseur15 Sergio Ramos »Défenseur6 Andrés Iniesta »Défenseur8 Xavi Hernández »Milieu10 Cesc Fàbregas » M Milieu12 Santi Cazorla »Milieu14 Xabi Alonso »Milieu19 Marcos Senna »Milieu9 Fernando Torres »Attaquant, 16 Sergio García »Attaquant, 17 Daniel Güiza »Attaquant.

46 664 (son matricule en prison pendant 28 ans)Nelson Rolihlahla MANDELA. (1918-2008) 90 ANS

Vendredi 27 juin 2008

Né le 18 juillet 1918 à Mvezo, district d’Umtata (Transkei) en Afrique du Sud. Prix Nobel de la paix en 1993.Héros de la liberté d’un peuple contre l’apartheid. L’apartheid est un système mis en place en 1913 par les colons européens établis en Afrique du Sud. Le Land Act leur permettait de prendre possession de toutes les terres et de dominer les habitants du pays pourtant majoritaires. Ce mode de contrôle absolu des personnes et des richesses immenses du pays, sera constitutionnalisé en 1948 par des mesures de renforcement des politiques raciales. L’apartheid instaure la séparation totale et une hiérarchie entre les composantes de la société, l’inégalité est consacrée par un système politique raciste. Des lois et règlements discriminatoires interdisent tout contact entre les communautés noire, blanche, métis et indienne. Fils aîné de la famille royale Tembu du Transkei, Nelson Mandela étudie dans les écoles privées dirigées par des missionnaires, il est admis en 1938 dans l’institution supérieure la plus importante réservée aux Africains, l’Université de Fort Hare. Diplômé en droit, il avait déjà été suspendu en 1940 parce qu’il avait organisé des manifestations estudiantines. Après avoir déménagé à Johannesburg il acheva ses études en droit à l’Université d’Afrique du Sud en 1942. Un an plus tard il débuta sa carrière professionnelle d’avocat comme employé de l’Université de Witwatersrand. Désormais, son engagement professionnel sera marqué par ses mandats de procureur et de plus en plus par son action politique au sein de l’ANC. L’African National Congress (ANC), fondé en 1912, demeure l’organisation politique la plus ancienne du continent africain. En 1944, associé dans un cabinet d’avocats avec Oliver Tambo, il adhère à l’ANC et fonde l’aile jeunesse du parti qui va revitaliser l’ensemble du mouvement anti-apartheid. Il sera élu successivement, secrétaire et président de la Ligue des jeunes de l’ANC en 1948 et 1950 alors qu’il assume des responsabilités au Comité exécutif du parti.

Leader politique et chef historique de l’ANC, Mandela entre dans la clandestinité en 1960 quand ce parti politique est interdit par le pouvoir blanc raciste. Auparavant, de 1952 à 1956, il avait organisé contre toutes les mesures de durcicement des politiques racistes du gouvernement, des campagnes de désobéissance civile, des manifestations lors du procès qui l’obligea à renoncer à tout engagement politique pendant ciinq ans. Arrêté et mis en prison en 1962 puis condamné à la prison à perpétuité en 1964, après le long procès dit de la trahison, organisé contre les principaux chefs de l’ANC, il est incarcéré à la prison de Robben Island. Nelson Mandela devient progressivement le prisonnier politique le plus connu et l’un des plus célèbres du monde. La qualité de sa réflexion politique, la force de son charisme dépassaient largement les enceintes de la prison où il devait exécuter de lourds travaux forcés. En 1982 il est transféré à la prison de Pollsmore près de la ville du Cap. Sa popularité incontestable, dûe à la rigueur de la démarche intelligente qu’il a développé face aux brutalités du régime sanguinaire de l’apartheid, suscitera un mouvement de contestation et de nombreuses pressions politiques et économiques contre le gouvernement sud-africain dans la plupart des organisations et des instances internationales. En 1985, le pouvoir en place tente de lui faire acheter sa libération en le forçant à renoncer à ses convictions d’opposant à l’apartheid, il ne céda pas d’un pouce. En 1988, à 70 ans, affaibli par des ennuis de santé causés par des conditions de détention inhumaines, Nelson Mandela fut déplacé à la prison de Victor Verster près de Paarl où la vie semblait moins éprouvante. Des représentants du gouvernement, des ministres et les présidents Botha et de Klerk rencontrent successivement Nelson Mandela. Les négociations sont amorcées au bout de 26 années de détention, un des compagnons et ex-co-accusé avec Mandela au procès de Rivonia, est libéré.

Les discussions se poursuivent, Mandela impose une éthique politique solide et maintient les conditions essentielles de son combat pour des changements importants dans le système politique : démocratisation des institutions, égalité des droits pour tous les citoyens sans égard à la couleur de leur peau, une personne représente un vote, un nouveau gouvernement élu au suffrage universel, reconnaissance des partis politiques et de l’ANC. Personne n’est mieux placé que cet homme, libéré en février 1990, après 28 ans de prison, pour organiser et assurer de manière crédible la transition pacifique d’une société discriminatoire vers une Afrique du Sud ouverte, démocratique et non-raciale. Son envergure personnelle, son palmarès remarquable de politique, de militant ayant donné cinquante ans de vie pour plus de justice, en font une légende vivante. Ce qui impressionne ses interlocuteurs dans le monde : l’absence de rancoeur face aux Blancs sud-africains à qui il assure une participation totale au développement de

la nouvelle Afrique du Sud.

En réserve de la République il est nommé vice-président puis président de l’ANC en 1991 à la suite d’Oliver Tambo. Dès sa sortie des geôles en 1990, une tournée mondiale qui l’avait mené en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi sur le continent africain. À 73 ans, en 1993, il reçoit avec Fréderick de Klerk, le prix Nobel de

la Paix. En 1994, Nelson R. Mandela est élu comme premier président à l’issu des premiers scrutins démocratiques de l’Afrique du Sud. Il venait de réussir, le dernier pari de son existence : relancer un grand parti politique en lui donnant une stature nationale, abolir l’apartheid en 1992, créer des conditions capables de réduire les tensions entre les composantes de la population et réussir à gouverner. Son mandat de cinq ans prendra fin en 1999, il se retirera des affaires publiques car la relève est prête. Il sait tout de même qu’il faudra encore plusieurs décennies pour éliminer les conséquences sociales, économiques, psychologiques et politiques de l’apartheid. YVES ALAVO.

EURO 2008 : TURQUIE-ESPAGNE, FORCE MORALE ET PASSION DU FOOT.

Dimanche 22 juin 2008

Deux équipes sortent du lot, l’une par sa force morale, sa cohésion, sa discipline enthousiaste, la Turquie; l’autre, passion, classe, haute technique et équilibre, l’Espagne.

À première vue, la compétition en cours est celle du renouveau, d’un changement de la garde avec la musique et

la détermination Alaturka, un ouragan plein d’intelligence et de talent. Mais aussi avec Espana Nueva la force tranquille, maîtrise stratégique et tactique, précision technique et occupation scientifique de l’espace, économie de l’énergie physique réussie grâce à une condition irréprochable : complémentarité des lignes et mise au service du collectif des spécialisations individuelles. Les deux autres équipes la Russe et l’Allemande pourraient servir de faire valoir, même si la vague slave, jeune, rapide et disciplinée représente, malgré sa défaite face aux protégés de Luis Aragones (1-4) lors des 1/8e de finales, une raison de fierté.

Froidement quand nous regardons les quatre groupes de base de cette 13e édition de l’Euro, dont la première édition a eu lieu en 1960, un seul groupe n’a aucun représentant aux ½ finales, les groupe C de la France et de l’Italie où se sont illustrés les néerlandais de Van Basten, sortis par les Russes (3-1), la Turquie représente le Groupe A, l’.Allemagne le B et les deux premiers du groupe D Espagne et Russie se atteignent le carré d’AS. Cette évolution des équipes nationales permet de circonscrire les tendances modernes du football qui sont paradoxales, l’absence de l’Angleterre alors que trois sur quatre des clubs ½ finalistes de la Coupe des Champions sont issus du football britannique, en est une illustration forte. Les forces orientales surgissent Allemagne-Turquie et Russie, alors que la fantaisie et l’imagination créatrice des sudistes (berbéro-andalou ou afro-méditerranéens) se distinguent avec brio au sein du concert des virtuoses du ballon rond européen.

En 2000, c’est l’équipe de France de Zinedine ZIDANE, alors championne du monde qui remporte la palme européenne et réussit l’inégalé pari de mériter, dans la suite historique la palme d’or mondiale et le trophée européen. 2004 voit une équipe soudée et forte d’un jeu collectif sobre et efficace, dont les joueurs jouaient ensemble depuis plusieurs années, devenir championne des Nations européennes :

la Grèce.

Nous vivons aujourd’hui une rupture sans précédent, à la fois valorisation du jeu créatif et confirmation de la prédominance du football technique et inspiré tel qu’il se vit majoritairement en Afrique et en Amérique du Sud, ainsi que la confirmation de l’importance de la qualité collective du jeu : synchronisation des flux énergétiques individuels selon des phases de jeu et le tempo collectif, harmonisation et adaptation techniques, tactiques et stratégiques face aux réactions adverses. Dans cette optique, les gardiens de but (Volkan Demirel, Recber Rustu pour la Turquie et Iker Casillas pour l’Espagne) ainsi que les joueurs de champ (attaquants David Villa meilleur buteur de l’Euro 2008 et Nihat Kahveci, pour la Turquie blessé face aux Croates, donc absent lors des ½ finales) se sont illustrés de manière exceptionnelle réalisant des exploits sportifs de très haut niveau qui ont pesé directement sur le score et sur les actifs et la fiducie footballistiques de l’EURO 2008.

Yves ALAVO.

Les douze premiers vainqueurs de la Coupe d’Europe des Nations : 1960 URSS, 1964 Espagne, 1968 Italie, 1972 Allemagne, 1976 Tchécoslovaquie, 1980 Allemagne, 1984 France, 1988 Pays-Bas, 1992 Danemark, 1996 Allemagne, 2000 France, 2004 Grèce.

EXIL ET DESTIN

Lundi 16 juin 2008

Dire ces mots qui traduisent la dynamique sans cesse mouvante de l’exil culturel et total.

Exil de soi et soi-même en absence de soi.

Exil de sa culture, toujours vivante et fertile, puissante et fière.

Exil du cœur jamais parti et pourtant orphelin.

Exil de l’âme, errante et toujours solidement enracinée.

Exil des esprits, vagues, souvent obsessifs, parfois pacifiques.

Exil de l’énergie, diffuse, envahissante, jamais anéantie, force première qui propulse chacun vers un destin nouveau.

Destin mystérieux, voyage au cœur du rêve et de la passion.

Destin mystique, contemplation sur la cime des cœurs et folle extase.

Destin à construire, destin à inventer, destin nouveau et antique relique des mémoires multiples qui hantent l’exilé.