Archive pour la catégorie 'Culture'

RECHERCHE SUR LES INFRASTRUCTURES CULTURELLES

Dimanche 12 avril 2009

 le 7 avril 2009, Vancouver – Le Réseau 

des villes créatives du Canada vient de publier un rapport spécial sur les 

infrastructures culturelles pour aider les municipalités canadiennes à planifier 

leurs projets de rénovation et de construction d’édifices. 

Le document intitulé L’infrastructure culturelle : Partie intégrante des collectivités 

canadiennes, fondé sur des travaux de recherche effectués à l’échelle 

internationale et nationale, est distribué aux municipalités partout au pays. 

« Nous savons que les municipalités ont besoin de travaux de recherche afin 

d’assurer la réussite de leurs projets d’infrastructures culturelles. Ce rapport vient 

à point nommé étant donné que le gouvernement fédéral a reconnu récemment 

la nécessité de financer les infrastructures culturelles dans le budget » 

commente Elizabeth Keurvorst, directrice exécutive. 

  

Le Réseau des villes créatives du Canada offre aux administrateurs du 

développement culturel des possibilités de développement professionnel et des 

travaux de recherche. Ses membres desservent directement plus de 16 millions 

de Canadiens dans la prestation de planification culturelle et de programmes à 

l’échelle régionale. Pour en apprendre plus sur la planification des infrastructures 

culturelles et le Réseau des villes créatives, visitez le site www.creativecity.ca. 

 

– 30 – 

 

Relations avec les médias 

Katherine Clark 

Tél: 604.688.2489 

 

 

Mort de Fredy Villanueva: des ratés avant même l’enquête du coroner

Mardi 7 avril 2009

 Une requête de la famille de la victime et des témoins sera entendue demain

La famille de Fredy Villanueva et les principaux témoins de l’intervention policière qui a coûté la vie au jeune homme reviennent à la charge. Ils réclament à la fois une enquête du coroner élargie afin de traiter du profilage ethnique par les agents du Service de police de Montréal (SPVM) et ils revendiquent des «moyens équivalents» aux policiers pour se faire entendre.

L’enquête publique du coroner sur la mort du jeune Villanueva n’est pas encore commencée qu’elle connaît de sérieux ratés. Selon une requête dont Le Devoir a obtenu copie, les parents du jeune disparu et les principaux témoins de la funeste intervention policière du 9 août dernier, à Montréal-Nord, n’ont pas pu obtenir un exemplaire de la preuve amassée par la Sûreté du Québec (SQ). Et le coroner ad hoc, Robert Sansfaçon, considère qu’ils ne sont plus représentés par des avocats dans le cadre des audiences publiques.

Dans une requête qui sera présentée demain au palais de justice, la famille Villanueva et les cinq témoins du drame (Dany Villanueva, Jeffrey Sagor-Metellus, Denis Meas, Jonathan Senatus et Anthony Clavasquin) réitèrent leur demande pour que soient mis à leur disposition des «moyens équivalents» à ceux des policiers lors des audiences publiques. Ils veulent mettre la main sur la preuve de la SQ, une brique de 1060 pages avec des extraits audio et vidéo. Ils veulent aussi connaître les raisons pour lesquelles la Couronne a choisi de ne pas porter d’accusations contre Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte, les deux patrouilleurs impliqués dans la mort de Villanueva. À ce sujet, ils souhaitent faire témoigner tous les procureurs qui ont passé en revue la preuve compilée par la SQ.

Les parents de Fredy Villanueva, leur fils Dany et les quatre autres témoins ont tous signé cette requête dans laquelle ils réclament également que l’enquête du coroner se penche sur le profilage ethnique au SPVM et sur les allégations de partialité des enquêtes sur les morts d’hommes aux mains de policiers (la SQ enquête sur le SPVM, et vice-versa).

La Ligue des droits et libertés, reconnue comme une «personne intéressée» aux fins de l’enquête, partage cet avis. La Ligue n’a pas signé la requête, mais ses porte-parole tiennent aujourd’hui une conférence de presse, pour se prononcer en faveur de la tenue d’une enquête élargie qui traiterait des questions de profilage ethnique et des allégations d’impunité dont bénéficieraient les policiers impliqués dans des cas de mort d’homme.

 

Un profond malaise

La correspondance entre Robert Sansfaçon, le procureur du coroner, François Daviault, et l’avocat de Jeffrey Sagor-Metellus, Alain Arsenault, lève le voile sur le profond malentendu qui assombrit les chances de succès de l’enquête tant attendue du coroner, à compter du 25 mai.

Le 23 janvier, les avocats de la famille Villanueva et les principaux témoins ont annoncé leur intention de ne plus participer à l’enquête, étant donné que le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, n’acceptait pas d’assumer les frais d’avocats de tout le groupe. Au mieux, le ministre Dupuis a promis de prendre en charge les frais de la famille Villanueva.

Depuis ce jour, le juge Sansfaçon et Me Daviault considèrent que les parents de Fredy Villanueva et les cinq témoins de la mort du jeune homme se représenteront seuls lors des audiences publiques. «Je comprends que vous n’êtes plus représentés par des avocats, mais que vous pouvez toujours participer à cette enquête à titre de personnes intéressées», écrit Robert Sansfaçon dans une lettre du 26 janvier. «Je vous informe cependant que vous devez obligatoirement vous présenter aux dates indiquées sur les subpoenas que vous avez déjà reçus à titre de témoins», ajoute le coroner ad hoc Sansfaçon.

Selon Alain Arsenault, cette position équivaut à un «déni du droit à l’avocat de son choix» pour les Villanueva et les témoins du drame, qui ont pourtant été reconnus comme des «personnes intéressées» dans le cadre de l’enquête publique. La situation est d’autant plus difficile à comprendre que les avocats écartés du dossier ont tous signé la requête dont Le Devoir a obtenu copie.

Par ailleurs, Me Daviault refuse obstinément de donner un exemplaire de la preuve aux avocats de la famille Villanueva et aux témoins. «[…] l’enquête du coroner n’est pas le procès d’un accusé où il y a obligation de divulgation de la preuve pertinente par le poursuivant», explique-t-il dans une lettre du 3 mars dernier dont Le Devoir a obtenu copie. Me Daviault reconnaît par contre que la preuve peut être transmise «de façon volontaire et à certaines conditions».

Les avocats des agents Lapointe et Pilotte et la Fraternité des policiers de Montréal ont obtenu des informations sur l’enquête de la SQ, de même que la Ligue des droits et libertés. Mais quand Jeffrey Sagor-Metellus (atteint d’une balle dans le dos lors de la tragédie du 9 août) a demandé qu’un exemplaire de la preuve lui soit acheminé au bureau d’Alain Arsenault, Me Daviault a répondu au jeune homme qu’il pouvait consulter le document à ses bureaux. Une «partie importante de la preuve documentaire» sera déposée lors du début des audiences, enchaîne Me Daviault dans cette lettre du 17 mars. De plus, une copie d’un rapport ou d’une déclaration sera remise avant chaque témoignage, écrit Me Daviault.

Selon Alain Arsenault, c’est un non-sens. «Comment voulez-vous qu’on se prépare adéquatement sans avoir accès à toute la preuve? À titre d’exemple, il est même possible que les policiers impliqués n’aient jamais été rencontrés par les policiers de la SQ chargés de l’enquête.»

La journée de demain promet donc d’être animée au palais de justice. Outre la requête des Villanueva et des témoins, le policier Jean-Loup Lapointe, qui a ouvert le feu sur Fredy Villanueva, et son équipière Stéphanie Pilotte exigeront une ordonnance de non-publication sur tous les détails (y compris leurs noms) permettant de dévoiler leur identité lors des audiences.

BRIAN MYLES Édition LE DEVOIR du mardi 07 avril 2009

Célébrer la diversité en 2009.

Mardi 17 mars 2009

Six anniversaires dans le foyer culturel de Montréal.

 

L’édition du 30e anniversaire du Festival International de Jazz de Montréal aura lieu du 30 juin au 12 juillet prochain. Un événement qui confirme l’Immense popularité de l’événement, chez nous, sur la scène internationale et partout sur la planète JAZZ.  Vingt-cinq ans du Cirque du soleil et de Vues d’Afrique, vingt-cinquième printemps du Centre OBORO, centre dédié à la production et à la présentation de l’art, des pratiques contemporaines et des nouveaux médias. Dixième anniversaire du MAI, Montréal arts interculturels, là où l’art traverse les frontières. Cinquième anniversaire de l’INM, Institut du nouveau monde. Telles sont, parmi les plus significatives célébrations au cœur de l’univers culturel basé à Montréal, les commémorations auxquelles nous sommes conviés.

 

Dans notre contexte montréalais de confection d’une métropole culturelle d’envergure, dans la mouvance des grandes aventures socioculturelles du Québec et du Canada et, surtout, dans la vague de métissage culturel universel que nous vivons, dans la foulée des énoncés visionnaires de Léopold Sédar Senghor qui a chanté le métissage culturel et la culture de l’universel, nous avons des motifs supplémentaires de nous réjouir.

 

Ces anniversaires exceptionnels par leur nature et heureusement conjecturels par leur concordance, nous offrent autant de moyens d’exprimer notre reconnaissance à ces institutions importantes au sein de notre espace culturel.

 

Le Festival International de Jazz de Montréal couronne trente années de joies, d’expansion et toute une série de rencontres artistiques, sociales, culturelles et musicales sous le signe de forums, de cercles de découvertes, de l’expression multidisciplinaire formelle et informelle d’un art fécondé par le métissages des cultures négro-africaines anciennes et du ferment de la modernité néo-américaine du Nord des siècles récents. Musique de technique et de rythmique, musique enracinée dans le socle de l’Afrique Mère et pourtant ouverte et sensible aux souffles de la créativité moderne et postmoderne, le Jazz est assis sur la diversité congénitale qui lui a donné ses lettres de noblesse. Événement de calibre mondial, le FIJM inscrit notre métropole au sommet de la courbe ultime des manifestations d’envergure universelle au sein de la planète de cette famille musicale. Hommages aux artisans et développeurs André Ménard, Alain Simard, Laurent Saulnier, Caroline Johnson, Joanne Bougie et Marie Pierre Blais.

 

Le Cirque du Soleil, devenu un des plus beaux, un des plus représentatifs parmi les fleurons de notre génie créatif et de nos rêves d’entreprenariat mondial, a digéré avec talent les atouts de la diversité et mis en relief les avantages de la diversité des expressions culturelles. Confectionné à partir de notre fibre québécoise le Cirque du Soleil s’est inscrit d’emblée dans une démarche métissée. Ses méthodes de développement des compétences, ses techniques de recrutement, de formation et de création, ses réalisations artistiques, technologiques et son mode de gestion des ressources humaines, lui ont permis d’offrir la palette la plus étendue, la plus diversifiée et la plus multidisciplinaire, dans presque tous les secteurs d’intervention du domaine de l’art du cirque. Hommages aux co-fondateurs : Guy Laliberté, Daniel Gauthier et Gaétan Morency.

 

Vues d’Afrique, fenêtre exclusive sur les productions, la cinématographie des Caraïbes et de l’Afrique mère. Une institution qui a forgé sa personnalité au diapason de Montréal, en français avec cette touche spéciale d’ouverture sur la différence. Ce vingt-cinquième devrait contribuer à une réorganisation et à l’envol de l’organisme vers la construction du demi siècle de son histoire.

 

OBORO, au coeur de notre métropole au 4001 rue Berri, à la convergence des secteurs culturels sur l’arc du Plateau Mont-Royal, dans la structure urbaine la plus identifiée à nos racines, propose l’oasis suprême de la diversité dans la création contemporaine. Espace démocratique et évolutif d’une rare intensité par sa démarche d’innovation et de promotion d’une culture de paix, lieu de résidence d’artistes, de respect des différences et d’expression intergénérationnelle, spirituelle des nouveaux médias, OBORO incarne l’espoir d’un art enraciné dans la communauté et ouvert sur le vaste monde de la passion et de la folie créatrice universelles. Hommages aux co-fondateurs : Su Schnee et Daniel Dion.

 

 

Le MAI (Montréal arts interculturels), le lieu de diffusion par excellence où les Montréalais, au 3680 Jeanne Mance, se reconnaissent et s’expriment face au public qui vibre de cette fierté de l’appartenance légitime la plus généreuse. Salle multidisciplinaire, salle polyvalente, espace café et lieu de résidence d’artistes, le MAI est une interface vivante de notre culture actuelle et future avec l’environnement cultuel national et international que nous nourrissons et qui nous alimente. Par la composition de son équipe dirigeante et opérationnelle, par la diversité des expressions artistiques qui s’y déploient et celle de ses publics, le MAI conjugue avec succès depuis dix ans la multidisciplinarité, la diversité et l’audace de la relève ou de la génération émergente des créatrices et des créateurs de Montréal et d’ailleurs. Hommages à une équipe hors pair : Régine Cadet, Philip Richard-Authier, Véronique Mompelat, Mariya Moneva, Zoë Chan, Guilaine Royer, Ibou Sow et Miruna Oana.

L’institut du nouveau Monde (INM), se définit comme un institut indépendant, non partisan, à but non lucratif, voué au renouvellement des idées et à l’animation des débats publics au Québec. Cette approche citoyenne met l’action de l’INM dans une perspective de justice sociale, dans le respect des valeurs démocratiques, et dans un esprit d’ouverture et d’innovation. Acteur local, national et international, dans l’univers de la francophonie, l’INM veut, selon ses propres termes : libérer la parole des citoyens et des citoyennes en dehors des circuits partisans, militants ou académiques en suscitant leur participation à des débats ouverts, des échanges, des dialogues, conférences et rendez-vous stratégiques sur les grands enjeux de notre temps. Hommages aux chefs de file : Michel Venne, Geneviève Baril, Stéphane Dubé, Miriam Fahmy.

Six anniversaires qui permettent de mieux mesurer la place centrale du développement culturel dans l’épanouissement économique de notre métropole, Montréal.




Yves Alavo

 

 

 

FEMME, TU ES PRÉSENTE

Mardi 17 mars 2009

Tu es présente

 

 

Femme

 

Femme de la vie et des victoires

Femme de la joie et des gloires

 

Femmes de tous les combats et de la grande nuit

Femme des airs de paix et de la vie éternelle

Femme Femme 2009.  Pour le 8 mars.

 

Dans tous les instants de conscience

Et de profonde tendresse.

 

Femme décidée

Femme active

Femme intelligente et superbe

Femme royale et géante

Femme engagée et sereine

Femme rassembleuse et combative

Femme, avant-garde du monde et fer de lance de l’humanité

Femme au front de l’espoir

 

Femme des projets de paix

Femme des luttes totales

Femme des idées nouvelles

Femme des actions sublimes

 

Femme des arts et des sciences

Femmes des rêves et des actes de libération

Femme qui Å“uvre le beau

Femme qui crée

Femme qui donne

 

Femme qui est

Femme qui sera

Femme toujours au présent

 

 

 

Femme pourtant d’avenir

Femme de parole

Femme de mouvement

 

Femme fusée et vertige

Femme lune et soleil

Femme saisons et vision

 

Femme de génie

Femme de prouesse

Femme de trouvailles

 

Femmes de retrouvailles

Femme de désir

Femme de pouvoir

 

Femme

Femme

Femme

 

Femme de mots et de sentiments

Femme des émotions et des passions

Femme des extases et des prières

 

Femme des étoiles

Femme des vents

Femme des raz de marrée

 

Femme des couchants et des aubes intimes

Femmes des crépuscules et des sommeils publics

Femmes des vagues et des nuages

 

Femme volcanique

Femme électrique

Femme mécanique

 

Femme artistique

Femme mélodique

Femme rythmique

 

Femme divine

 

Quelle idée super,

Être ensemble.

Si tu le veux.

Je suis à Toi. 

 

Mille élans d’amour.

 

Être infini

Femme

 

 

Yves  ALAVO

8mars 2009.

 

MUSIQUE MILITANTE : SEUN KUTI

Lundi 21 juillet 2008

Seun, de son nom complet Oluseun Anikulapo Kuti, arrivera sur scène quand tous les 17 autres membres de son clan y seront. Impossible se dissocier l’authenticité du nom de l’artiste, le nom revisiter de l’orchestre ou du collectif ainsi que le nom du CD explosif, dans la pure tradition héritée de Fela Ransome Kuti, père mythique de cette famille de musique Funk, puissante expression de la révolte africaine face aux corruptions, face aux compromis et contre toutes les aliénations congénitales qui lient certains régimes africains aux éternels capitalistes et aux impérialistes de tout crin, sous toutes les latitudes. 

 

Il est indispensable de noter qu’en lever de rideau, le Groupe H’Sao nous a offert un concert d’environ une heure, de plaisirs, de voix nobles et harmonieuses. Un concert de musique nuancée et léchée support à des voix chorégraphiées en teintes traditionnelles mixées aux tonalités du « spoke word » et du slam urbain.

 

Pour revenir au show de Seun Kuti, les cuivres font l’intro, un à un les musiciens du clan Kuti atterrissent sur la scène du Métropolis. Musique mobile, musique croissante et d’une force qui martèle toutes les notes de la contestation et des luttes pour la justice. Musique qui s’enrichit, de percussions équatoriales, musique qui s’élève grâce aux arpèges des guitares solos et des basses rythmant les discours mélodiques comme autant de messages aux publics du monde.

 

Ce soir, Montréal danse dans la foulée de cette tradition du clan Kuti : la famille Kuti, originaire de la ville d’Abeokuta (comme celle du général dictateur Obasanjo), de même que celle du prix Nobel de littérature Wole Soyinka, qui est l’oncle et l’ami de Seun. Faisons un peu d’histoire. Bien avant de se refaire une virginité par les urnes, le Général Obasanjo, devenu président du Nigeria à l’issue d’un putsch en 1977, organisa aussitôt l’assaut meurtrier, par plus de mille hommes armés, contre la demeure de Fela, que ce dernier avait proclamé « République indépendante de Kalakuta », et où aujourd’hui encore vivent Seun Kuti et les musiciens de l’orchestre Egypt. 80.

 

La musique qui nous fait vibrer dans cette soirée chaude et sensuelle, est nourrie de tant de faits et de légende : la grand-mère de Seun, Funmilayo, était la plus célèbre militante des droits de l’homme et du féminisme au Nigeria. Elle est morte des suites de sa défenestration par les troupes d’Obasanjo.

 

La chanson satirique qui donne son titre à l’album, « Many Things » (« Nous avons fait beaucoup de choses ») démarre sur un extrait d’un discours enregistré d’Obasanjo. Elle résume bien le bilan des 30 ans de son règne en pointillé : « ils ont construit des ponts magnifiques, mais en dessous les gens n’ont toujours pas d’autre solution que de boire l’eau dans laquelle ils viennent de pisser ». De tels propos disent tout le désarroi ainsi que la nécessité de pouvoirs publics au service des peuples et la tragique absence d’une société civile authentique dans un système social démocratique. Seun, à vingt-cinq ans, est donc le digne héritier du militantisme irréductible de Fela Kuti. Il a d’ailleurs repris à son compte le deuxième prénom yoruba que s’était attribué son papa : Anikulapo («j’ai la mort dans mon carquois »).

 

Prenez et écoutez le disque « Many Things », une transe vous gagne, transe mentale et transe viscérale, transe des pulsions harmoniques et des cuivres, tambours et djembés qui enracinent une mélodie réaliste et efficace. Les chansons de Seun Kuti sont autant de flèches qui ne manqueront jamais leurs cibles : corrompus, corrupteurs, oppresseurs. À l’exception de l’érotique « Fire Dance », tous les titres de ce CD sont des pamphlets ravageurs contre la corruption et l’incurie des dirigeants africains : « Think Africa », «Many Things », « Na Oil », « African Problems ».

 

Seun participe aux côtés de Youssou N’Dour à un grand projet de lutte contre la malaria, et « Mosquito Song » explique que les gouvernements, par leur négligence en matière d’hygiène et en ignorant les besoins essentiels en soins de santé et de services sociaux des populations, sont responsables de ce fléau qui tue plus que le sida, la malaria. Au style de chant énergique et tonitruant de Fela, Seun ajoute une rage rythmique héritée du rap : il cite d’ailleurs parmi ses héros Chuck D, Dr Dre ou Eminem.

 

La magie de l’ « afrobeat » est en marche, cette machine délirante et implacable qui nous emporte sans qu’il soit possible d’y échapper ne fut-ce qu’une seconde. La section rythmique est vraiment saisissante : le bassiste Kayode Kuti (aucune parenté avec Seun) est l’une des surprises de ce CD ; quant au batteur, Ajayi Adebiyi, il n’a rien à envier aux plus grands du jazz contemporain. À l’instar d’un Al Foster ou d’un Paco Séry. Les deux guitaristes aux sons très contrastés - David Obanyedo et Alade Oluwagbemiga - tressent des riffs envoûtants qui servent de trame à l’ensemble. Les deux trompettistes - Emmanuel Kunnuji et Olugbade Okunade - sont d’excellents solistes (« Many Things », « Mosquito Song ».

 

Ainsi, dix ans après la mort de Fela, l’orchestre dont il était si fier lui survit, et il ne fait aucun doute qu’il serait heureux de ce qu’en a fait son fils, et du chanteur qu’il est devenu. Avec Seun, Egypt 80 est plus explosif que jamais avec ses combinaisons de cuivres, de claviers, de percussions, de guitares et de chœurs. Nous sommes parfois sous l’influence de la Rumba des années post deuxième guerre mondiale, nous vibrons aux accents du High Life des années soixante métissé de djou-djou Music à la King Sonny Adé.

Même s’il reprend des thèmes de son père dont certains inédits, n’ont jamais été enregistrés de son vivant, Seun Kuti innove avec ses propres compositions d’afro beat percutant additionné de hip hop et de rap. Ces dernières années, Seun qui a parfait ses connaissances musicales à Liverpool, a tourné un peu partout dans le monde.

Yves Alavo

ANDRÉ-MARIE TALLA, VIVRE LES RYTHMES

Jeudi 17 juillet 2008

Soirée de rythmes intenses du Festival international Nuits d’Afrique au Kola Note de l’avenue du Parc à Montréal. Toute la « colonie » camerounaise et certains membres issus de la communauté d’origine africaine ainsi que tous les mordus de rythmes et de danses se sont laissés porter par la vague créée par André-Marie Talla et ses musiciens. Accords parfaits, les langues, les mots, les circonstances, les échanges tout est fonction des rythmes, des mélodies que le génie de l’artiste nous offre. Une rigueur sans faille, la musique est première, il joue, des mains, avec ses dents, dans le dos, sur les épaules. Né le 29 octobre 1950 à Bandjoun dans l’Ouest du Cameroun, Tala connaît une série d’épreuves qui marquent sa vie et forge ce tempérament incroyable de détermination : il perd sa mère à l’âge de quatre ans et son père douze ans plus tard.  Deux drames qui s’inscrivent à jamais au cÅ“ur de son existence. Un autre événement, plus grave encore, se produit. À l’âge de quinze ans, il perd brutalement la vue (double décollement de la rétine). Recueilli par sa grand-mère, il se consacre dès lors à sa passion, la musique. Issu d’un milieu défavorisé, c’est avec du fil de fer qu’il fabrique sa première guitare sur laquelle il s’applique à imiter le plus fidèlement possible, tous les rythmes qui ont caressé son enfance. Il est direct : « Je n’ai jamais appris la musique à l’aide du braille mais à l’oreille. J’avais tout simplement besoin que l’on me demande de placer l’index dans tel cadre, l’annulaire dans tel autre… » . L’écouter parler de ses débuts, des conditions de vie de l’adolescent qui se bat pour réaliser ses rêves : « J’ai commencé à chanter en 1968-69, avec des débuts relativement corrects, dans le contexte africain, au Cameroun. Je n’avais pas de magnétophone, je ne connaissais pas le braille. Mais j’avais la passion, j’ai appris la guitare avec des amis. Quand on est jeune, on a une bonne mémoire pour tout retenir, ma cécité ne m’a pas longtemps gêné ». Sans pudeur, avec une lucidité exceptionnelle, André-Marie Talla explique : « Quand j’étais enfant, je jouais déjà de la musique avec tout ce que je trouvais, je faisais danser. Dès que j’ai perdu la vue, je suis allé voir mon oncle qui jouait de l’accordéon et de la flûte. J’ai baigné dans un environnement musical, à 17 ans je dirigeais mon propre orchestre. On écoutait toutes les musiques : rock, pop, rythm and blues, rythmes africains, je me suis imprégné de tout ça. Mon groupe interprétait toutes les tendances, du jazz au blues, de la pop à la variété… on se produisait six jours sur sept, tous les soirs de 21 heures à 3 heures, parfois 5 heures du matin. C’était une véritable école, un direct permanent avec le public, avec une interprétation qui devait se rapprocher le plus possible du disque et de la version originale des titres que l’on chantait. »  À vingt ans, sa rencontre avec Manu Dibango est déterminante. Manu lui conseille de se tourner vers les maisons de disques françaises. Toute la famille se cotise et il s’envole pour Paris. Claude François avec qui André-Marie Tala s’apprête à signer, décède. Quelques mois plus tard, il signe un contrat avec le label Decca. Tala compose alors les titres qui sont arrangés par Manu Dibango : “ Sikati ”, “ Potaksina ” et surtout “ Na Mala Ebolo ” (120 000 disques vendus) En 1973, il fait parler de lui avec l’album “ Hot Koki ”. Le titre porte la griffe de Slim Pezzin à qui tous les chanteurs français doivent un riff: Johnny Hallyday, Michael Sardou, Eddy Mitchell, Dick Rivers. Son succès est si grand que James Brown l’utilise. Le “ Hot Koki ” de Tala devient le “ The Hustle ” de ce roi de la soul qui bat des records de popularité.  En 1978, après quatre années d’âpres combats juridiques, la justice tranche en faveur d’André-Marie Tala. James Brown doit lui reverser la totalité de ses droits. « Il fallait du courage pour s´attaquer à ce monstre sacré, ce n´était pas facile de s’en prendre à un monument comme James Brown. De plus, personne ne me croyait. Il a fallu que des gens comme Georges Collinet (qui travaillait à l´époque à La voix de l´Amérique) montent au créneau en présentant les deux versions de la chanson Hot-koki, celle de James Brown et la mienne, pour que les Africains écrivent des milliers de courriers qu´on a déversé chez James Brown. Avec mon éditeur, on a engagé des poursuites et, au bout de quatre ans, on a gagné le procès… Il faut avouer que ce fut une étape marquante tout au début de ma carrière. Elle m’a aussitôt donné la parfaite mesure de mon talent et une vraie idée du monde de la musique ».  En 1974, il compose la bande originale du film Posse-Pousse du réalisateur camerounais Daniel Kamwa. Comparé depuis ses débuts à Stevie Wonder à cause de sa cécité, André-Marie Tala est un musicien hors du commun qui ne cesse de prôner les valeurs humaines de concorde, de paix et d’amour. Il est aussi le promoteur du Tchamassi, et le précurseur du Bend Skin. Guitariste hors pair, chanteur à l’œuvre riche et diversifié, compositeur aux réalisations musicales immenses et d’une qualité remarquable, Tala a été honoré, non sans raison, tout au long de sa carrière. Récipiendaire du prix de la jeune Chanson Française et du prix Kora du Meilleur artiste d’Afrique Centrale, il fut aussi lauréat de la première fête de la Francophonie. Avec plus d’une vingtaine d’albums au catalogue de sa discographie, André-Marie Tala, est l’un des artistes les plus piratés du Cameroun. Sans relâche, avec enthousiasme, une énergie a été partagée par tout le public, les jeunes et plus expérimentés, les danseuses de charme, les « puristes », les amateurs de rythmes afro mondes, les « fous » de la World, les stylistes négro-africains qui se meuvent en symbiose parfaite avec les notes, les fidèles des séquences de la guitare basse, celles et ceux qui suivent les volutes folles de la guitare de Talla : unanimité sur la piste, chants, frappes des mains, une fête de mélancolie et de danses sans transes dans une transcendance sublime.  Yves Alavo

IDIR, TRIOMPHE BERBÈRE ÉTERNEL

Lundi 14 juillet 2008

22e édition du Festival International Nuits d’Afrique de Montréal.

Concert d’ouverture

Festival international Nuits d’Afrique (FINA), IDIR au Québec, IDIR à Montréal, IDIR au Métropolis. Depuis 1999, alors que des amis dévoués et passionnés de culture Berbère (Marzouk et Lila) ont produit IDIR à la PDA (Place-des-arts), il n’était jamais venu, depuis cette soirée de l’autre siècle à Montréal. Dès l’ouverture de la salle, les places sont prises d’assaut. Pas de doute, le poète est connu, aimé, adulé. Il est présent dans les paroles et la musique du groupe de Karim, SYNCOP, qui assure le lever de rideau, l’espace du Métropolis est déjà prêt. Salle comble, vibrante et offerte en gerbes, dont celles formées par les membres de la communauté d’origine algérienne, sont épanouies. Lieu et sommet des retrouvailles. Tout dit l’accueil et la grâce. 21 h 15 minutes. Annonce. IDIR est précédé de ses musiciens, 7 spécialistes, instrumentistes, humanistes à son contact, je crois. Comme IDIR, ils vont agir, accorder leur énergie et mettre au service de la poésie, les univers de chaque œuvre, de chaque émotion, de chaque ambiance créatrice. La mémoire travaille dans le tissu fin des sons et des rimes, des idées-forces, sous l’inspiration et avec le timbre cordial du poète suprême : IDIR. Les médias écrivent, en somme de lui, qu’il est : Sommité de la chanson kabyle, sa voix d’or et ses tubes planétaires d’homme libre triomphent. Ses mélodies d’amour et d’exil aux guitares folk font rire, pleurer et danser en un concert ultime ! Fleurs et étoiles, le conte céleste des proto-méditerranéens est apparu au firmament de nos imaginaires. IDIR vogue sur la cime des cœurs unis aux divinités Kabyles, Tamazigh littéraire et paroles de bergers…de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de toutes les conférences familiales. La musique s’harmonise aux évocations, elle glisse avec les nuages, les orages, les émotions. Les mères sont chantées, figures consubstantielles à nos êtres totaux, sous la voûte bleue des projecteurs, elles sont invoquées. La bénédiction advient. Titre après titre, jusqu’à Aya vava Inouva, en passant par Lettre à ma fille, moment de très grande émotion; les paroles sont reprises ou simplement dites par la foule des plus de mille voix. Communion, poésie abondante, sentiments intimes et accolades des sensualités nobles, sublime apocalypse de la grâce. De nombreux rappels dont deux supers. L’ovation debout dure de longues séquences. Toute la « messe » du concert. Tant de frappes, tant d’applaudissements, tant de you you de femmes généreuses, tant de rêves éveillés, tant de joies communes, de souhaits énergiques. La Voix de l’étoile de la liberté et de l’amour fou, IDIR, est à son apogée.  IDIR fait verser des larmes quand il dit l’intime psaume Lettre à ma fille « il ya des choses que chez nous on ne dit pas… ». La danse est perpétuelle, les rires spirituels, les cœurs s’ouvrent. Il est pourtant venu le temps de se quitter. IDIR, la poésie, la musique (flûte et guitares, percussions) et la constellation Kabyle, Berbère, Tamazigh; triomphent pour l’éternité. Yves Alavo

 

 

MENWAR GRIOT DU SAGAÏ

Lundi 14 juillet 2008

Espace vital comble, le Balattou au zénith de tout ce que Montréal compte de ressortissants de l’Océan Indien. Maurice est à l’honneur. Ce maître sorcier qui a fait connaissance avec les artistes en exil sur tous les continents, cet homme au contact vrai et sincère, au regard intérieur, au calme angoissant et à l’esprit artistique d’abord, est un griot du Sagaï créole. Des paroles aux accents qui trainent et enchantent, sous des courges et de la chayotte, volcan rythmique, percussions lascives et environnementales, les esprits planent et se reposent dans cette ambiance poétique et parfois « funk » et « soul » et « reggae » des âmes, harmonie Ravanne aux accords uniques. Menwar, seul. Univers riche et poétique, il vit les notes, surgit le pouls océanique, les fruits sonores des mers antiques, les gerbes de couleurs diachroniques, sur des gammes d’épines et de soie, des portées révolutionnaires et sensuelles. Les revendications secrètes, les éclats célestes que véhiculent les « divinités » subéquatoriales, opèrent. Ces dix dernières années Menwar a retrouvé ses marques, voici ce qu’en disent les cahiers du Festival : En 1998, après 14 ans de vide discographique, Menwar sort un premier CD, «Pop Lékonomi» Puis, il fait éditer un livre accompagné d’une cassette pour enseigner sa méthode révolutionnaire de la Ravanne. Il peaufine son style et sort en 2002 “Leko Rivyer Nwar” et présente Sagaï, une énergie musicale qui transperce l’âme. Style où prédominent les sons acoustiques et les percussions, il invente même des instruments originaux à partir de coques de pistaches et de tiges de fleurs de canne. C’est l’aboutissement d’un long parcours musical et le couronnement d’une carrière peu commune. Le Sagaï propulse Menwar au Festival “Musiques Métisses d’Angoulême“, aux Mayottes, en Afrique du Sud, à la Réunion pour les festivals “Sakifo” et dans les autres îles de l’Océan Indien. En 2006, avec la sortie réussie de son album Ay Ay Lolo, Menwar est encensé dans la presse française. « Prophète d’un « sagaï » dansant sur fonds soul et funk qui incendie la France, ce griot créole venu d’Afrique et virtuose de Ravanne, fait penser à Bob Marley ». Menwar, chef de clan, tous, instrumentistes, instruments, femme qui danse, hommes de tous les « spermes virtuels et spirituels », la cavalcade des sons et des notes coule. Tonnerre, éclairs visuels, sujets en transe, notes rebelles, la musique accouche de tous ses fous désirs. Passion bouillonne, amours tectoniques, angoisse volcanique baignée d’une générosité sans limite. Autant d’offrandes et de libations pour éloigner les fureurs démoniaques. La Caravane divine descend sur nous. Les Productions Nuits d’Afrique ont réussi, pour cette 22e édition du Festival international Nuits d’Afrique, un coup de maître, comme elles savent faire naître les rencontres fécondes à l’instar des « Poupées Ashanti ». Vive l’Exil Menwar.  Yves Alavo.

DOBET GNAHORÉ, FÉLINE DIVA

Samedi 12 juillet 2008

Elle est vêtue d’un ensemble conçu pour elle, pantalon ample d’acrobate, haut en bogolan malien, aux volants unis noirs agrémentés de bijoux en cuivre et métaux ocre, rouges, en guise de ceinture, comme un collier de taille. Chaussures de fée, souples, noires, élégantes et pratiques aux pointes fines car elle danse avec une telle agilité, en sauts et bondissements semblable `une tigresse de Bengale. Dobet Gnahoré chante d’une voix chaude, ample, riche, veloutée et, pour son jeune âge (26 ans), elle vibre d’un timbre d’une maturité si dense, qu’elle ajoute même à son allure conquérante, l’aura d’une diva dans la majesté de l’expression. Telle est la mystérieuse fibre dont est constituée cette artiste panafricaine qui allume un feu sacré sur son passage. Les propos résumés dans le quotidien Le Monde, en 2007, « Bouillonnante, regard habité, timbre persuasif, corps possédé par le rythme: Dobet Gnahoré, 24 ans, possède sur scène une présence conquérante. » . Après Ano Neko, un premier album remarqué en 2004, c’est le 8 septembre dernier (2007), pour la toute première fois au Canada, au Kola Note, que la jeune chanteuse ivoirienne présentait son deuxième album, Na Afriki. Avec une formation panafricaine composée d’un tunisien à la basse, d’un ivoirien aux percussions, d’un sud-africain aux voix, et de Colin Laroche de Féline, son époux français à la guitare, le spectacle de Dobet recevait du public impatient de l’écouter, un accueil plus chaleureux que jamais! Cette fois elle est présente avec Colin Laroche de Féline, son époux français à la guitare, Hamid Gribi, d’origine tunisienne à la basse et aux voix, il chante si superbement aussi en solo certains morceaux qui enchantent le public et le percussionniste ivoirien dont le style à la batterie ravit tout le monde. Ce mardi 8 juillet 2008 (8-7-8), le Kola Note est en extase face à ce quatuor d’artistes hors pair sur scène. Quel son, quelle coordination, des voix riches en soutien et en coopération harmonique sublime. Une démonstration de haut niveau du génie des muses africaines : chant profond, enraciné dans les traditions. Lorsque Dobet chante en bambara, en mina, en lingala, en baoulé, en malinké, en bété, en wolof, en fon et en français; lorsque d’une époustouflante dextérité elle passe de la sanza au hudu, du balafon aux bongos, ou de la calebasse au djembé; et lorsqu’elle s’exécute sur ses mélodies mandingues, ses ballades sénégalaises, ses cadences bétés, son ziglibiti ivoirien, son bikutsi camerounais, sa rumba congolaise, son highlife ghanéen, ses chœurs zoulous ou pygmées; sur tous ces rythmes traditionnels africains réinventés et voilés de jazz, de bossa-nova, de funk, de rock et de rap-jazz, c’est son être tout entier de panafricaine convaincue qui prend feu. Dobet est l’ambassadrice atypique d’une nouvelle génération de stars dont le souffle puissant, et l’énergie musclée, avec la musique dans le sang, capable d’enflammer toutes les scènes. Elle nous fait aussi goûter à des moments d’intense intimité qui nous emportent aux confins de ses sentiments. C’est au plus profond du sol et de son âme, qu’elle semble puiser cette force incroyable et attachante. Une force peu commune qu’elle propage autour d’elle et qui atteint le public au point qu’il ne puisse résister. Tous, en transe, nous finissons par nous lever, en frappant dans nos mains, en dansant avec elle… Ivresse d’un instant à ne pas manquer! Échanges avec le public, mots du cœur et mélodies où sont évoqués les « pillage », « la mère Afrique », « la mère émotive et affective », « l’or du continent », « les politiciens fossoyeurs et profiteurs », les compositions se succèdent, deux sets de cinquante minutes. Une soirée qui file tant l’enchantement est constant. Danses de tous les exploits, sauts dans l’espace et traversées des cultes et des cultures. Dobet est reine souple, unique et sans cesse renouvelée. Style de grâce et d’énergie, souvent loin de la féminité, mais affirmé dans la force expressive qui transcende les genres. Pour nous confirmer sa perspective, elle nous confie : « Je ne suis ni française, ni anglaise, ni même ivoirienne. Je suis africaine et métisse de toute façon ! Ma mère est ghanéenne, mon père ivoirien. J’ai grandi dans un village panafricain. ». Yves ALAVO 

LUIS QUEQUEZANA JAIMES, LUCHO CRÉATEUR INTERCULTUREL

Jeudi 10 juillet 2008

L’artiste est musicien, multi instrumentiste, auteur, compositeur dans l’usage des sons, dans l’usage et la confection des images et par la mise au monde de l’univers interculturel vivant. Surgissent des cordes (zampona, guitarra), des flûtes, du cajon (percussions), <los sonidos vivos de siempre>. UNIVERS INTERCULTUREL. Avec ses conceptions, ses rêves et des créations, depuis bientôt quinze années, « Lucho » sur presque tous les continents (Europe, Asie, Amérique), en donnant à tous les sons andins revisités, Luis Quequezana crée la nouvelle Renaissance qui lui vaut l’admiration et le respect des professionnels des arts et de la culture.

Bain d’amour, rythmes universels, sons des secrets des civilisations ancestrales et des esprits de demain, la musique de LUCHO est comme la lueur de la lune, comme les rayons solaires, énergie nouvelle et composition profonde des ondes interculturelles qui embrassent toutes les cultures. Cette approche est aussi et d’abord une mélodie des images, picto-sons, un film qui unit les images du monde et les sons intimes de nos imaginaires culturels. Champion de la cinématographie en courts-métrages, Luis Quequezana est le roi des univers fluides qui marient images et sons, voir sa musique et se laisser bercer par les sons qu’il invente de manière perpétuelle.

Lucho vient de recevoir le prix national de cinématographie du Pérou ce qui va lui donner les moyens de pouvoir assurer la production du Sonidos Vivos, le film sur la musique métisse. Bravo. Toute cette aventure est due à Musique Multi Montréal qui a permis à Lucho d’avoir la bourse UNESCO avec laquelle il est venu à Montréal écrire, produire et réaliser avec d’autres artistes de chez nous les spectacles du Festival des Musiques et du Monde en 2006.

Yves ALAVO