Archive pour la catégorie 'Littérature'

EXIL ET DESTIN

Lundi 16 juin 2008

Dire ces mots qui traduisent la dynamique sans cesse mouvante de l’exil culturel et total.

Exil de soi et soi-même en absence de soi.

Exil de sa culture, toujours vivante et fertile, puissante et fière.

Exil du cœur jamais parti et pourtant orphelin.

Exil de l’âme, errante et toujours solidement enracinée.

Exil des esprits, vagues, souvent obsessifs, parfois pacifiques.

Exil de l’énergie, diffuse, envahissante, jamais anéantie, force première qui propulse chacun vers un destin nouveau.

Destin mystérieux, voyage au cœur du rêve et de la passion.

Destin mystique, contemplation sur la cime des cœurs et folle extase.

Destin à construire, destin à inventer, destin nouveau et antique relique des mémoires multiples qui hantent l’exilé.

La troupe de théâtre Art Neuf

Mardi 13 mai 2008

Le rêve d’Alvaro, un texte d’Eudes Labrusse, dimanche 20 avril 08 Au Centre culturel Calixa Lavallée. Sous la houlette du metteur en scène Robert Maurac, onze artistes, acteurs et actrices ont joué en moyenne deux ou trois rôles différents, durant plus de deux heures, au cours de cinq représentations, dans un décor fantastique et vêtus de costumes adaptés aux situations parfois rococo. Spectacle actuel sur les abus de pouvoir, les trafics de tous genres et cette fameuse et intempestive omniprésence des médias sensationnalistes, imprimés ou électroniques. Des situations de corruption, d’exploitation via les pratiques des supranationales qui règnent sur la planète. Les pays du Sud, les populations les plus vulnérables sont à la merci de tous les truands : trafic d’armes, trafic d’influences, trafic de drogue, trafic des vies, trafic des corps, trafic des esprits, trafic des cultures, trafic des nouvelles, trafic des inventions, trafic des profits et excès des profits, tout pour le pouvoir et tout pour l’argent. La terre se meurt où allons-nous? La terre se meurt, que faites-vous? Le refrain est repris en chœur de mille et une façons. Métaphore de nos désirs communs de sauver notre terre, mère. Souvent au cours de la pièce des chœurs, des voix à l’unisson se font entendre comme pour dire le besoin de solidarité face aux fanatiques de la terreur, terreur des riches et des puissants sur les âmes pures, comme celle du jeune Alvaro qui part avec son lama à la recherche de la plus belle femme du monde. Cette étoile va choisir le berger montagnard humble et pauvre, préféré au richissime propriétaire des mines et un peu genre Sylvio Berlus…, tenant des horaires impossibles, servis par mille adjoints qui s’occupent de tout sauf de l’âme. Avec 15 productions présentées depuis 1993,

la Troupe Art Neuf est un joyau. Preuve, le Prix d’interprétation du Festival de théâtre amateur de Montréal gagné en 2004 avec les Femmes jalouses de Goldoni et celui de la mise en scène du même Festival, remporté en 2006 avec Pygmalion de Georges B. Show. Notons que le directeur de la troupe Robert Maurac a reçu le prix Paul Buissonneau en 2006, qui souligne sa contribution au développement du théâtre amateur montréalais. Distribution : Pierre Audette (aussi musique originale et guitare électrique), un acteur total qui, à l’instar de l’authentique « bélier » se donne avec générosité du début à la fin, Daniel Boudrias, Christophe Camart, Pierre-Édouard Chomette, Johanne Dufour, Paule Gilbert, Nathalie Labbé, Diane Leprohon, Gérald Morin, Mike Muchnik, Élisabeth Rivest. Équipe technique : Robert Maurac (mise en scène), Pierre Savoie (conception des éclairages), Ginette Trudel et Diane Leprohon (décors et costumes), Marie-Claude Boudreault (son), coaching musical (Julie Beaulieu), Affiche (Dominique Tremblay) et Programme (Nans Bortuzzo).

Le temps des Marguerites… à la folie ou pas du tout.

Jeudi 1 mai 2008

de Menka Nagrani et Richard Gaulin Avec Veronica Melis. Maison de la Culture Plateau Mont-Royal, 65 minutes. Spectacle du mercredi 23 avril 08.

Dynamisme, ouverture, sourire et un soin particulier aux personnes, aux créateurs, une énergie constante et un amour des arts et de la culture, à la Maison Plateau Mont-Royal, Joanne Germain, Agente culturelle, anime, rayonne et fait partager à toutes et tous, l’enthousiasme qui l’habite. C’est toujours un immense plaisir que de vivre un événement, un spectacle, une aventure, de découvrir une exposition, de chanter, d’écouter, avec d’autres heureux spectateurs, nos artistes dans la maison des arts du Plateau Mont-Royal. Esprit des ancêtres, esprits des divinités créatrices, esprit de la joie de créer, il y règne une ambiance favorable à l’expression, propice au bonheur de vire l’art.

Le spectacle débute, une démonstration de paix. Opéra de Faust, tragi-comique mais très sérieuse et efficace mise en scène de Richard Gaulin avec la chorégraphie et la direction artistique de Menka Nagrani. Ballet, coordination et merveilleuse intégration entre artistes, certains ayant des limitations, artistes en formation aux Muses de Cindy Schwartz. La belle et tonique Veronica Melis (Marguerite Actuelle qui ne veut, ne peut et demeure elle-même, jeunesse éternelle dans son cœur et dans la vie), occupe et brille sur scène. Danseuse chorégraphe et actrice de talent, elle joue en déployant cette souple et élégante tension et une expression qui s’enracine dans l’esprit de Bologne, les traditions de l’école italienne, sublime maîtrise d’un art vie qui donne une couleur de rêve à chacun de ses gestes. Elle a une force, une grâce et cet air léger, regard large et bercé d’amour du métier. Apanage rare des monstres sacrés des planches. Elle, Veronica Melis, enseigne à l’École nationale de théâtre du Canada ainsi qu’à l’École nationale de cirque. Heureux étudiants qui apprennent, cœur à cœur, directement de cette artiste pédagogue et généreux mentor.

Les autres partenaires sur la scène sans compter Méphistophélès joué par Nicolas Belle-Isle, sont élèves aux Muses : dans le rôle de Siebel (Jean-François Hupé), dans celui de Faust (l’ineffable et très naturel Michael Nimbley) et dans celui de Marguerite Opéra (Geneviève Morin-Dupont). Ils ont joué une œuvre composé en 1869 par Charles Gounod qui s’est inspiré de celle de Goethe. Faust, vieux docteur blasé, vend son âme au diable en échange de la jeunesse qui lui permet de faire la cour à la belle et très jeune Marguerite. Pas de performance opératique, des voix qui disent, qui chantent aussi au naturel, avec humour et une conviction charmante. Second et parfois troisième degrés, une quasi-dérision humaine et spirituelle. Pas un temps mort, nous sommes attentifs, nous sommes des spectateurs souriants, une salle de gens sérieux, devant cette belle démonstration en mouvement accompagnée de musique romantique. Tour de force des artistes associés [Lumières : David Desrochers, Scénographie : Julie Bourbonnais et Marie Bernard, Musiques : Charles Gounod extraits de l’opéra Faust et François Beausoleil musiques actuelles et montage, Violoncelle : Érich Kory, Régie de plateau : Kim Perrault, Assistante aux communications et à la production : Élodie Paternostre, Soutien technique : Maxime Berthiaume].

 

Catherine Potter, musique étoilée, Souffle et ciel d’encens

Mardi 29 avril 2008

DUNIYA PROJECT, le dernier spectacle.

Salle de diffusion de Parc Extension,

L’accueil est sacré. Martin Hurtubise, maître des lieux, reçoit. Il est présent. Agent culturel, responsable de la programmation de la salle de diffusion de Parc extension, il salue, sourit, annonce, fait le lien entre public et artistes. En arrivant l’odeur de l’encens circule. Paix des esprits. Présences dans la salle. Les spectateurs s’installent. Parmi les membres de cette grande confrérie (auditoire réel) des amis… deux amis de Catherine qui ont vécu à Calcutta le passage de Duniya Project, il y a quelques semaines, ils sont ici ce soir, immense bénédiction pour l’auteure-compositrice. Catherine Potter est sensible aux messages des esprits. Scène indienne.

Mise en place pour chaque instrumentiste. Estrade basse, tapis, accessoires spéciaux, coussins, sièges basse portée adaptés. Coin pour le « tabliste ». Position en faux centre pour Catherine qui choisit un angle asymétrique, elle dépose ses flûtes de bambou et autres fibres, le tempura électrique et un autre manuel trouvent leur place aussi. Secteur pour la contre basse et surface surélevée pour Ravi qui frappe les tambours bas. Point de mire et de nos regards, Catherine siège avec élégance. Vêtue d’un sari-robe et foulard bleus marié d’autres couleurs d’accompagnement, teintes de rouge et orange, léger vert discret. Majestueuse, lumineuse, elle adopte la posture d’une yogiste, jambes entrecroisées, jambes lovées autour d’une colonne spirituelle où se déploient les sons jaillis de la flûte Bansuri.

Chaque membre de l’ensemble qui entoure Catherine Potter, (Catherine Potter au Bansuri, Ravi Naimpally aux Tablas, Nicolas Caloia à la contre basse, Thom Gossage à la batterie, ainsi que les deux artistes invité : Nathalie Dussault à la Kora et Jorge Martinez à la guitare Flamenco), se glisse avec maîtrise et professionnalisme, s’exprime avec une sensibilité au cœur des compositions. L’envoûtement nous prend, spectateurs, participants, nous sommes en errance dans ce ballet harmonique et mélodique.

Nous voyageons sur un parcours où se lient les airs antiques, les danses sahéliennes, les tendres berceuses des Maharadjas, les longues et langoureuses berbères notes égrainées selon les codes dans un dialogue percussif, dans des propos percussifs qui évoquent parfois

la Djoudjou music des Yorubas. Aussi des allusions aux rythmes Balkans, des échos des tonnerres équatoriens et la volupté du Gange qui couvre l’ensemble d’une trame sensuelle et poétique.

Chaîne de sentiments. Quelque fois le chapelet des notes du désert et de la savane issues de la harpe nègre, Kora, nous enchante en un mouvement inédit qui donne toute la mesure du charme de cet instrument. Nathalie Dussault, connue sous le nom de Nathalie Cora, artiste invité pour cette soirée, a livré avec tendresse et professionnalisme un message chaleureux et harmonieux.

Le concert offre un enchaînement de pièces, mélodies, rythmes, couleurs trempées dans une mer d’émotions. La musique habite l’espace avec grâce entrecoupée de courtes présentations, sobres, parfois plus personnelles. L’eau sonore nous enveloppe : vagues gracieuses, embruns décorés des estampes de l’âme; couloirs de bonheur, de paix et une totale communion.

Le concert coule durant presque deux heures, les esprits en cadences sublimes, flottent. Beauté des notes, pureté de l’inspiration, sensualité chaude et dépouillée, fine stimulation des sens, tonalités spirituelles. Duniya Project en direct, live, est de loin une autre expérience, supérieure conscience qui dépasse l’écoute du CD.

Les pièces jouées ce soir : dans un autre ordre

Aube (flute, guitare, tabla, basse, drums) boucle et spirale, allégresse du son, transcendance rythmique douce.

Gori : envolée de colombes et invitation au voyage, fluide jeu des respirations, thème intime qui peut conduire à l’union parfaite.

Vol Blanc : le goût d’un délicieux thé vert à

la menthe. Conte mélodie des guitares, tabla présents, la flûte guide et chante.

Kutila : appel au large, son limpide qui berce dans un jeu et un dialogue entre tous les instruments.

Jaswandi : présence de la guitare de Jorge Martinez (artiste invité) relents flamencos en pointe, nomadisme des musiques et retour aux origines berbères. La boucle est faite en une poésie mystique. Lune des temps anciens, cette flûte est femme de cœur et ballerine de l’âme.

Ganga (flute, kora, tabla, basse, drums)co-composition

Catherine Potter et Nathalie Kora qui est invitée et à joué avec sensibilité, discrétion, mais d’une mélodicité unique, calibrée, amoureuse des nuances.

Raga Hansasdwani (flute, tabla, tanpura), tire du répertoire de la musique classique indienne.

Hariji’s Dhun (flute, guitare, tabla, basse, drums, tanpura)

Karuna (flute, guitare, kora, tabla, basse, drums), ujne participation de Nathalie Kora (Dussault), harmonisée et fluide.