Archive pour la catégorie 'Musique'

MENWAR GRIOT DU SAGAÏ

Lundi 14 juillet 2008

Espace vital comble, le Balattou au zénith de tout ce que Montréal compte de ressortissants de l’Océan Indien. Maurice est à l’honneur. Ce maître sorcier qui a fait connaissance avec les artistes en exil sur tous les continents, cet homme au contact vrai et sincère, au regard intérieur, au calme angoissant et à l’esprit artistique d’abord, est un griot du Sagaï créole. Des paroles aux accents qui trainent et enchantent, sous des courges et de la chayotte, volcan rythmique, percussions lascives et environnementales, les esprits planent et se reposent dans cette ambiance poétique et parfois « funk » et « soul » et « reggae » des âmes, harmonie Ravanne aux accords uniques. Menwar, seul. Univers riche et poétique, il vit les notes, surgit le pouls océanique, les fruits sonores des mers antiques, les gerbes de couleurs diachroniques, sur des gammes d’épines et de soie, des portées révolutionnaires et sensuelles. Les revendications secrètes, les éclats célestes que véhiculent les « divinités » subéquatoriales, opèrent. Ces dix dernières années Menwar a retrouvé ses marques, voici ce qu’en disent les cahiers du Festival : En 1998, après 14 ans de vide discographique, Menwar sort un premier CD, «Pop Lékonomi» Puis, il fait éditer un livre accompagné d’une cassette pour enseigner sa méthode révolutionnaire de la Ravanne. Il peaufine son style et sort en 2002 “Leko Rivyer Nwar” et présente Sagaï, une énergie musicale qui transperce l’âme. Style où prédominent les sons acoustiques et les percussions, il invente même des instruments originaux à partir de coques de pistaches et de tiges de fleurs de canne. C’est l’aboutissement d’un long parcours musical et le couronnement d’une carrière peu commune. Le Sagaï propulse Menwar au Festival “Musiques Métisses d’Angoulême“, aux Mayottes, en Afrique du Sud, à la Réunion pour les festivals “Sakifo” et dans les autres îles de l’Océan Indien. En 2006, avec la sortie réussie de son album Ay Ay Lolo, Menwar est encensé dans la presse française. « Prophète d’un « sagaï » dansant sur fonds soul et funk qui incendie la France, ce griot créole venu d’Afrique et virtuose de Ravanne, fait penser à Bob Marley ». Menwar, chef de clan, tous, instrumentistes, instruments, femme qui danse, hommes de tous les « spermes virtuels et spirituels », la cavalcade des sons et des notes coule. Tonnerre, éclairs visuels, sujets en transe, notes rebelles, la musique accouche de tous ses fous désirs. Passion bouillonne, amours tectoniques, angoisse volcanique baignée d’une générosité sans limite. Autant d’offrandes et de libations pour éloigner les fureurs démoniaques. La Caravane divine descend sur nous. Les Productions Nuits d’Afrique ont réussi, pour cette 22e édition du Festival international Nuits d’Afrique, un coup de maître, comme elles savent faire naître les rencontres fécondes à l’instar des « Poupées Ashanti ». Vive l’Exil Menwar.  Yves Alavo.

DOBET GNAHORÉ, FÉLINE DIVA

Samedi 12 juillet 2008

Elle est vêtue d’un ensemble conçu pour elle, pantalon ample d’acrobate, haut en bogolan malien, aux volants unis noirs agrémentés de bijoux en cuivre et métaux ocre, rouges, en guise de ceinture, comme un collier de taille. Chaussures de fée, souples, noires, élégantes et pratiques aux pointes fines car elle danse avec une telle agilité, en sauts et bondissements semblable `une tigresse de Bengale. Dobet Gnahoré chante d’une voix chaude, ample, riche, veloutée et, pour son jeune âge (26 ans), elle vibre d’un timbre d’une maturité si dense, qu’elle ajoute même à son allure conquérante, l’aura d’une diva dans la majesté de l’expression. Telle est la mystérieuse fibre dont est constituée cette artiste panafricaine qui allume un feu sacré sur son passage. Les propos résumés dans le quotidien Le Monde, en 2007, « Bouillonnante, regard habité, timbre persuasif, corps possédé par le rythme: Dobet Gnahoré, 24 ans, possède sur scène une présence conquérante. » . Après Ano Neko, un premier album remarqué en 2004, c’est le 8 septembre dernier (2007), pour la toute première fois au Canada, au Kola Note, que la jeune chanteuse ivoirienne présentait son deuxième album, Na Afriki. Avec une formation panafricaine composée d’un tunisien à la basse, d’un ivoirien aux percussions, d’un sud-africain aux voix, et de Colin Laroche de Féline, son époux français à la guitare, le spectacle de Dobet recevait du public impatient de l’écouter, un accueil plus chaleureux que jamais! Cette fois elle est présente avec Colin Laroche de Féline, son époux français à la guitare, Hamid Gribi, d’origine tunisienne à la basse et aux voix, il chante si superbement aussi en solo certains morceaux qui enchantent le public et le percussionniste ivoirien dont le style à la batterie ravit tout le monde. Ce mardi 8 juillet 2008 (8-7-8), le Kola Note est en extase face à ce quatuor d’artistes hors pair sur scène. Quel son, quelle coordination, des voix riches en soutien et en coopération harmonique sublime. Une démonstration de haut niveau du génie des muses africaines : chant profond, enraciné dans les traditions. Lorsque Dobet chante en bambara, en mina, en lingala, en baoulé, en malinké, en bété, en wolof, en fon et en français; lorsque d’une époustouflante dextérité elle passe de la sanza au hudu, du balafon aux bongos, ou de la calebasse au djembé; et lorsqu’elle s’exécute sur ses mélodies mandingues, ses ballades sénégalaises, ses cadences bétés, son ziglibiti ivoirien, son bikutsi camerounais, sa rumba congolaise, son highlife ghanéen, ses chœurs zoulous ou pygmées; sur tous ces rythmes traditionnels africains réinventés et voilés de jazz, de bossa-nova, de funk, de rock et de rap-jazz, c’est son être tout entier de panafricaine convaincue qui prend feu. Dobet est l’ambassadrice atypique d’une nouvelle génération de stars dont le souffle puissant, et l’énergie musclée, avec la musique dans le sang, capable d’enflammer toutes les scènes. Elle nous fait aussi goûter à des moments d’intense intimité qui nous emportent aux confins de ses sentiments. C’est au plus profond du sol et de son âme, qu’elle semble puiser cette force incroyable et attachante. Une force peu commune qu’elle propage autour d’elle et qui atteint le public au point qu’il ne puisse résister. Tous, en transe, nous finissons par nous lever, en frappant dans nos mains, en dansant avec elle… Ivresse d’un instant à ne pas manquer! Échanges avec le public, mots du cœur et mélodies où sont évoqués les « pillage », « la mère Afrique », « la mère émotive et affective », « l’or du continent », « les politiciens fossoyeurs et profiteurs », les compositions se succèdent, deux sets de cinquante minutes. Une soirée qui file tant l’enchantement est constant. Danses de tous les exploits, sauts dans l’espace et traversées des cultes et des cultures. Dobet est reine souple, unique et sans cesse renouvelée. Style de grâce et d’énergie, souvent loin de la féminité, mais affirmé dans la force expressive qui transcende les genres. Pour nous confirmer sa perspective, elle nous confie : « Je ne suis ni française, ni anglaise, ni même ivoirienne. Je suis africaine et métisse de toute façon ! Ma mère est ghanéenne, mon père ivoirien. J’ai grandi dans un village panafricain. ». Yves ALAVO 

LUIS QUEQUEZANA JAIMES, LUCHO CRÉATEUR INTERCULTUREL

Jeudi 10 juillet 2008

L’artiste est musicien, multi instrumentiste, auteur, compositeur dans l’usage des sons, dans l’usage et la confection des images et par la mise au monde de l’univers interculturel vivant. Surgissent des cordes (zampona, guitarra), des flûtes, du cajon (percussions), <los sonidos vivos de siempre>. UNIVERS INTERCULTUREL. Avec ses conceptions, ses rêves et des créations, depuis bientôt quinze années, « Lucho » sur presque tous les continents (Europe, Asie, Amérique), en donnant à tous les sons andins revisités, Luis Quequezana crée la nouvelle Renaissance qui lui vaut l’admiration et le respect des professionnels des arts et de la culture.

Bain d’amour, rythmes universels, sons des secrets des civilisations ancestrales et des esprits de demain, la musique de LUCHO est comme la lueur de la lune, comme les rayons solaires, énergie nouvelle et composition profonde des ondes interculturelles qui embrassent toutes les cultures. Cette approche est aussi et d’abord une mélodie des images, picto-sons, un film qui unit les images du monde et les sons intimes de nos imaginaires culturels. Champion de la cinématographie en courts-métrages, Luis Quequezana est le roi des univers fluides qui marient images et sons, voir sa musique et se laisser bercer par les sons qu’il invente de manière perpétuelle.

Lucho vient de recevoir le prix national de cinématographie du Pérou ce qui va lui donner les moyens de pouvoir assurer la production du Sonidos Vivos, le film sur la musique métisse. Bravo. Toute cette aventure est due à Musique Multi Montréal qui a permis à Lucho d’avoir la bourse UNESCO avec laquelle il est venu à Montréal écrire, produire et réaliser avec d’autres artistes de chez nous les spectacles du Festival des Musiques et du Monde en 2006.

Yves ALAVO

BAMBARA TRANS, UNE OASIS DE MONTRÉAL AU MONDE

Mercredi 9 juillet 2008

La fête est magique, la salle, le salon, la boîte mythique du Balattou, ce lundi 7 juillet 2008, 07-07-08, vibre d’intenses émotions et de larges souffles d’énergie sublime, le lancement, la musique du CD de Bambara Trans, KHALOUNA, exultent dans cette oasis virtuelle. Le peuple métis, les amoureux de l’Afrobeat, du reggae, de la fusion, d’une salsa Gnawa aux accords futuristes, flambent unis et divers. Sons des cuivres, guitares sorcières, voix harmonique et diachronique et voix rauque mélodique du maestro Khalil Abouabdelmajid, percussions nègres et suaves, sensuel saxophone et trombone mystérieux, c’est la consécration du groove supérieur. Musique actuelle et jaillie pour nos espoirs à naître.

Paroles de vie et en langues si humaines et si tendres aux oreilles, verbe qui chante et offre une généreuse énergie, une invitation au partage, une sonorité qui plante les nostalgies et ouvre des espaces de paix infinie. Les notes, les accents de rêve et les mélodies désertiques soignent nos âmes éternellement. Les voix sont chaleureuses, sensuelles et envoûtantes. Les productions Nuits d’Afrique, Musique Multi Montréal, comme une avancée pour la mise au monde des Productions Bambara Trans. Bravo.

Seconde après seconde, la danse des notes habite chacun, la danse des sons enveloppe les âmes et fait surgir l’esprit créatif. KHALOUNA. Procurez-vous le CD. Écoutez, vivez et partez en expédition intérieure avec la première aventure du disque Afrobambara. Onze minutes de voyage trans-créatif. Il s’agit de la vie, des actions qui portent à réfléchir. Pas d’analyse, des rythmes, des paroles en or, des sons rassembleurs, des interactions comme dans Hijab, chocs de sons et confrontation des sentiments, mélodies vertes et fortes qui explosent en un bouquet semblables à ceux des décors des palais anciens. La mer est présente rassurante, fusion profonde des musiques unies et progressives. Or des sons, argent des teintes, couleurs de cuivre, musique universelle qui attend son heure et qui va connaître la consécration mondiale. Allez, jouez musiciens de Bambara Trans, vous avez le monde à vous.

La pochette, l’habit du CD, design de Mehdi Benboubakeur : caravane urbaine dans un centre Montréalais aux ocres, sables et vents de passion, dit cette soif de vivre et de créer. Vive Bambara Trans.

 

Yves Alavo

EURO 2008 : VIVA ESPANA!

Dimanche 29 juin 2008

12 BUTS MARQUÉS EN SIX MATCHES CONTRE TROIS ENCAISSÉS, tel est le palmarès de l’équipe invaincue de cette 13e coupe d’Europe des Nations européennes (UEFA). Sept des buts l’ont été face à la Russie, équipe du même groupe qui a réussi à se qualifier pour les demi-finales. Depuis 1964, les Espagnols n’ont réussi à décrocher aucun titre européen comme nation du foot. Cette finale est leur planche de lumière pour rétablir leur honneur. Ils sont classés au 4e rang par la FIFA, dans le concert des grandes nations du football mondial et 2e en Europe.

Attaques, contre-attaques des Espagnols, trois tirs au but dont deux têtes de José Sanz Fernando Torres, attaquant de pointe, titulaire de Liverpool et du signe astrologique du bélier (24 ans, né le 20 mars 1984) fer de lance de la Sélection nationale ibérique. L’Espagne domine ce début de match sans marquer. Les Allemands frappent, font des fautes, surtout leur capitaine Michael Ballack qui distribue coup de pied après coup de pied sans recevoir ni avertissement verbal, ni carton jaune de la part de l’arbitre.

Au tournant des trente minutes les Espagnols envoient encore, par Fàbregas un boulet vers Lehman qui n’a cessé d’être occupé durant cette première demi heure. Un quatrième coup franc causé par un coup de pied en l’air de Ballack, les ibériques dominent, ils sont souvent poussé au sol et enfin 33e minute, Fernando Torres marque en contre, le jeune homme de 24 ans ouvre le score. Justice. Le roi Juan Carlos est heureux. Belle manière face au coup de pied du gardien allemand qui est sorti tacler durement El Nino. Prouesse de technique et de rapidité qui axe cette équipe sur la rampe de la gloire. Gloire méritée, espoir de toute une péninsule où vivent près de 45 millions d’Espagnols euphoriques prêts, au coup de sifflet final, à laisser exploser leur joie, leur énergie, leur amour de la mélodie footballistique, jouée comme une farandole et un Flamenco héroïque, andalou et universel. Toutes et tous, les enfants de la révolution et du socialisme nouveau de José Luis Zapatero, chantaient en cÅ“ur les mots de Federico Garcia Lorca «C’est notre heure. Nous devons être jeunes et vaincre.»- extrait de Entrevista

Tirs sur tirs au but, coup de tête des Allemand contre Xabi Alonso et Silva, provocations et insultes. Aragones fait entrer des remplaçants et les Allemands perdent les nerfs. Coup franc pour l’Espagne et coup dans les bras de Lehman (gardien de l’Allemagne) par Sergio Ramos. Iniesta remporte une touche et les arbitres favorisent encore les Allemands. Ballack perd une balle et Cazorla a failli faire une passe de but à Torres. Ramos occasionne un coup franc dans l’entrée gauche de la surface de Cassilas et un coup franc de Fringes, l’Irano-Allemand Kurany en profite pour descendre un joueur espagnol, coup franc. Le match se développe, domination spatiale, maîtrise technique, gestion du temps et accélérations constantes, les joueurs ibériques planent sur le terrain de Vienne.

72e minute, 85e minute, tant de fautes et tant de fautes des Allemands, un autre coup franc que F.Villa et Hernandez tirent, rien. Les Espagnols dominent sans marquer, les Allemands attendent pour voler le match. Hors-jeu, astuces et antijeu. Touche de part de Puyol, le fol Kurany fait une autre faute sur Marcos Senna, un coup si évident que l’arbitre lui donne un carton jaune. Il reste 5 minutes avec les arrêts de jeu. L’Espagne perd de nombreuses balles. Ballack va perdre une 5e finale… Ballack insulte l’arbitre, un coup franc de plus pour les Espagnols. Les dernières minutes défilent et la gloire est au bout des efforts et de la magnanimité castellane. Viva Espana, la Coupe est dans les mains du gardien Casillas, capitaine valeureux qui remporte aussi le trophée du cerbère le plus constant de l’Europe, consécration totale pour ces artistes qui ont joué comme des artisans : respiration, ouverture, génie collectif et effort joyeux.

C’est un Marius Trésor ou encore un Amadou Tigana qui auraient pu être sur cette tribune du stade de Vienne avec Michel Platini et remettre la coupe et les médailles aux finalistes et aux vainqueurs. Mais, encore bien du chemin à construire en matière d’équité dans les instances internationales du sport où la représentativité est vraiment lacunaire.

Yves ALAVO.

Les héros de cette finale :Sans le meilleur buteur de la compétition le numéro 7 David Villa, 4 buts1 Iker Casillas »Gardien4 Carlos Marchena »Défenseur5 Carles Puyol »Défenseur11 Joan Capdevila »Défenseur15 Sergio Ramos »Défenseur6 Andrés Iniesta »Défenseur8 Xavi Hernández »Milieu10 Cesc Fàbregas » M Milieu12 Santi Cazorla »Milieu14 Xabi Alonso »Milieu19 Marcos Senna »Milieu9 Fernando Torres »Attaquant, 16 Sergio García »Attaquant, 17 Daniel Güiza »Attaquant.

Gabi et les Monzù (Piccolo mondo, tanti frutti)

Vendredi 9 mai 2008

Avec Briga et Bartula (en lever de rideau et suite au spectacle principal)

Au Lion d’or samedi 19 avril 08.

Elle est d’une générosité extraordinaire, femme de vie profonde. Artiste pure et expressive, franche, engagée, tonique et belle sans compromis. Une beauté faite d’harmonie, une beauté pure qui est si rare dans l’univers des arts qu’elle paraît atypique. Gabi Macaluso, c’est elle.

Son album, Gabi & les Monzù : “PICCOLO MONDO, TANTI FRUTTI” est à prendre avec soi. Une série de pièces virtuoses, un concert de bonheur, une Å“uvre vivante, pleine de surprises et d’une qualité musicale supérieure.

La musique comme porteuse des choix et des projets qui animent notre société. Pour elle, la musique est intégrée au quotidien, elle est aussi un moyen de partager les convictions écologistes, elle permet, comme moyen et comme courroie de partage, de donner faire connaître et mettre en relief les dimensions sociales que vit l’artiste au service des plus démunis, au contact avec celles et ceux d’entre nous qui ont des limitations, artistes et personnes handicapés par nos regards, par nos préjugés, mais riches de cette diversité essentielle au talent et à la grâce.

Union complète entre la personne, sa vie engagée, l’artiste, la créatrice au cœur d’un projet avec d’autres amis, des complices magnifiques, vives et animées qui assurent les communications : Marie Ève Aubry et Julie Dubois. Femmes jeunes et douées dans le champ immense des relations publiques au service des arts. Une partition de création et de cohérence entre l’être qui crée et ses compositions qui riment avec découverte, avec ouverture, avec solidarité, avec justice et dignité.

Nous accompagnons Gabi et les Monzù au son de la basse, du violon, des percussions dont le cajon et son accordéon polyglotte qui vogue en Méditerranée, s’accorde avec les airs gitans des Balkans et les mélodies du Moyen-Orient aux accents Berbères en Français, en Italien, une arythmie dont les temps traversent les frontières de nos cœurs, compositions originales qui portent le voyage grâce aux élans sensuels de la voix de Gabi. Voix des steppes et de

la Transylvanie, voix d’ici et d’ailleurs, voix aux éclats subtils qui fondent dans nos imaginaires. Voix qui unit, voix qui soigne les cœurs blessés, voix qui porte un public aimant.

Les complices sur scène ce soir furent : Éric Breton aux percussions, c’est lui qui frappe le cajon, il

caresse les peaux de ses instruments et joue aussi de la derbouka avec adresse, lumière manuelle qui éclaire et donne la cadence aux pièces en symbiose avec la batterie de Patrick Dugas et Igor Bartula, maître bassiste dont le tempo est sûr, les coupes nettes et le support mélodique et harmonique sans faille. Au violon, mais aussi au violon électrique, le virtuose Youri Slovak dont le jeu est joyeux, savant et d’une fluidité incomparable. Il rivalise avec l’autre merveilleux musicien promis à un avenir exceptionnel, le guitariste expert Marc Papillon. Artiste au jeu d’une coordination rare, il insuffle aux notes une charge émotive et un son rock et actuel sans pareil donnant aux compositions de Gabi un tonus complémentaire indispensable. Il nous a ébloui et enchanté plusieurs dont un spécialiste, Pierre Demers, producteur qui a dit son contentement et son appréciation. Les principaux « morceaux » joués ont été :

INTRODUCTION IMPROVISÉE, RÉVOLUTION LUMINEUSE, RÉFUGIE-TOI,

LA NOSTRA TERRA, TEMPO VIVO, ZAÏRA, OÙ L’AS-TU MIS TON OISEAU DE COEUR : PIÈCES DE RICHARD DESJARDINS, TU SEI BLU, DIO, LES AFFRANCHIS,

LA VERDURE MIEUX QUE L’ORDURE, PAZ

Le site de l’artiste et du Groupe Les Monzù : http://www.gabimacaluso.com/

Le temps des Marguerites… à la folie ou pas du tout.

Jeudi 1 mai 2008

de Menka Nagrani et Richard Gaulin Avec Veronica Melis. Maison de la Culture Plateau Mont-Royal, 65 minutes. Spectacle du mercredi 23 avril 08.

Dynamisme, ouverture, sourire et un soin particulier aux personnes, aux créateurs, une énergie constante et un amour des arts et de la culture, à la Maison Plateau Mont-Royal, Joanne Germain, Agente culturelle, anime, rayonne et fait partager à toutes et tous, l’enthousiasme qui l’habite. C’est toujours un immense plaisir que de vivre un événement, un spectacle, une aventure, de découvrir une exposition, de chanter, d’écouter, avec d’autres heureux spectateurs, nos artistes dans la maison des arts du Plateau Mont-Royal. Esprit des ancêtres, esprits des divinités créatrices, esprit de la joie de créer, il y règne une ambiance favorable à l’expression, propice au bonheur de vire l’art.

Le spectacle débute, une démonstration de paix. Opéra de Faust, tragi-comique mais très sérieuse et efficace mise en scène de Richard Gaulin avec la chorégraphie et la direction artistique de Menka Nagrani. Ballet, coordination et merveilleuse intégration entre artistes, certains ayant des limitations, artistes en formation aux Muses de Cindy Schwartz. La belle et tonique Veronica Melis (Marguerite Actuelle qui ne veut, ne peut et demeure elle-même, jeunesse éternelle dans son cœur et dans la vie), occupe et brille sur scène. Danseuse chorégraphe et actrice de talent, elle joue en déployant cette souple et élégante tension et une expression qui s’enracine dans l’esprit de Bologne, les traditions de l’école italienne, sublime maîtrise d’un art vie qui donne une couleur de rêve à chacun de ses gestes. Elle a une force, une grâce et cet air léger, regard large et bercé d’amour du métier. Apanage rare des monstres sacrés des planches. Elle, Veronica Melis, enseigne à l’École nationale de théâtre du Canada ainsi qu’à l’École nationale de cirque. Heureux étudiants qui apprennent, cœur à cœur, directement de cette artiste pédagogue et généreux mentor.

Les autres partenaires sur la scène sans compter Méphistophélès joué par Nicolas Belle-Isle, sont élèves aux Muses : dans le rôle de Siebel (Jean-François Hupé), dans celui de Faust (l’ineffable et très naturel Michael Nimbley) et dans celui de Marguerite Opéra (Geneviève Morin-Dupont). Ils ont joué une œuvre composé en 1869 par Charles Gounod qui s’est inspiré de celle de Goethe. Faust, vieux docteur blasé, vend son âme au diable en échange de la jeunesse qui lui permet de faire la cour à la belle et très jeune Marguerite. Pas de performance opératique, des voix qui disent, qui chantent aussi au naturel, avec humour et une conviction charmante. Second et parfois troisième degrés, une quasi-dérision humaine et spirituelle. Pas un temps mort, nous sommes attentifs, nous sommes des spectateurs souriants, une salle de gens sérieux, devant cette belle démonstration en mouvement accompagnée de musique romantique. Tour de force des artistes associés [Lumières : David Desrochers, Scénographie : Julie Bourbonnais et Marie Bernard, Musiques : Charles Gounod extraits de l’opéra Faust et François Beausoleil musiques actuelles et montage, Violoncelle : Érich Kory, Régie de plateau : Kim Perrault, Assistante aux communications et à la production : Élodie Paternostre, Soutien technique : Maxime Berthiaume].

 

Catherine Potter, musique étoilée, Souffle et ciel d’encens

Mardi 29 avril 2008

DUNIYA PROJECT, le dernier spectacle.

Salle de diffusion de Parc Extension,

L’accueil est sacré. Martin Hurtubise, maître des lieux, reçoit. Il est présent. Agent culturel, responsable de la programmation de la salle de diffusion de Parc extension, il salue, sourit, annonce, fait le lien entre public et artistes. En arrivant l’odeur de l’encens circule. Paix des esprits. Présences dans la salle. Les spectateurs s’installent. Parmi les membres de cette grande confrérie (auditoire réel) des amis… deux amis de Catherine qui ont vécu à Calcutta le passage de Duniya Project, il y a quelques semaines, ils sont ici ce soir, immense bénédiction pour l’auteure-compositrice. Catherine Potter est sensible aux messages des esprits. Scène indienne.

Mise en place pour chaque instrumentiste. Estrade basse, tapis, accessoires spéciaux, coussins, sièges basse portée adaptés. Coin pour le « tabliste ». Position en faux centre pour Catherine qui choisit un angle asymétrique, elle dépose ses flûtes de bambou et autres fibres, le tempura électrique et un autre manuel trouvent leur place aussi. Secteur pour la contre basse et surface surélevée pour Ravi qui frappe les tambours bas. Point de mire et de nos regards, Catherine siège avec élégance. Vêtue d’un sari-robe et foulard bleus marié d’autres couleurs d’accompagnement, teintes de rouge et orange, léger vert discret. Majestueuse, lumineuse, elle adopte la posture d’une yogiste, jambes entrecroisées, jambes lovées autour d’une colonne spirituelle où se déploient les sons jaillis de la flûte Bansuri.

Chaque membre de l’ensemble qui entoure Catherine Potter, (Catherine Potter au Bansuri, Ravi Naimpally aux Tablas, Nicolas Caloia à la contre basse, Thom Gossage à la batterie, ainsi que les deux artistes invité : Nathalie Dussault à la Kora et Jorge Martinez à la guitare Flamenco), se glisse avec maîtrise et professionnalisme, s’exprime avec une sensibilité au cœur des compositions. L’envoûtement nous prend, spectateurs, participants, nous sommes en errance dans ce ballet harmonique et mélodique.

Nous voyageons sur un parcours où se lient les airs antiques, les danses sahéliennes, les tendres berceuses des Maharadjas, les longues et langoureuses berbères notes égrainées selon les codes dans un dialogue percussif, dans des propos percussifs qui évoquent parfois

la Djoudjou music des Yorubas. Aussi des allusions aux rythmes Balkans, des échos des tonnerres équatoriens et la volupté du Gange qui couvre l’ensemble d’une trame sensuelle et poétique.

Chaîne de sentiments. Quelque fois le chapelet des notes du désert et de la savane issues de la harpe nègre, Kora, nous enchante en un mouvement inédit qui donne toute la mesure du charme de cet instrument. Nathalie Dussault, connue sous le nom de Nathalie Cora, artiste invité pour cette soirée, a livré avec tendresse et professionnalisme un message chaleureux et harmonieux.

Le concert offre un enchaînement de pièces, mélodies, rythmes, couleurs trempées dans une mer d’émotions. La musique habite l’espace avec grâce entrecoupée de courtes présentations, sobres, parfois plus personnelles. L’eau sonore nous enveloppe : vagues gracieuses, embruns décorés des estampes de l’âme; couloirs de bonheur, de paix et une totale communion.

Le concert coule durant presque deux heures, les esprits en cadences sublimes, flottent. Beauté des notes, pureté de l’inspiration, sensualité chaude et dépouillée, fine stimulation des sens, tonalités spirituelles. Duniya Project en direct, live, est de loin une autre expérience, supérieure conscience qui dépasse l’écoute du CD.

Les pièces jouées ce soir : dans un autre ordre

Aube (flute, guitare, tabla, basse, drums) boucle et spirale, allégresse du son, transcendance rythmique douce.

Gori : envolée de colombes et invitation au voyage, fluide jeu des respirations, thème intime qui peut conduire à l’union parfaite.

Vol Blanc : le goût d’un délicieux thé vert à

la menthe. Conte mélodie des guitares, tabla présents, la flûte guide et chante.

Kutila : appel au large, son limpide qui berce dans un jeu et un dialogue entre tous les instruments.

Jaswandi : présence de la guitare de Jorge Martinez (artiste invité) relents flamencos en pointe, nomadisme des musiques et retour aux origines berbères. La boucle est faite en une poésie mystique. Lune des temps anciens, cette flûte est femme de cœur et ballerine de l’âme.

Ganga (flute, kora, tabla, basse, drums)co-composition

Catherine Potter et Nathalie Kora qui est invitée et à joué avec sensibilité, discrétion, mais d’une mélodicité unique, calibrée, amoureuse des nuances.

Raga Hansasdwani (flute, tabla, tanpura), tire du répertoire de la musique classique indienne.

Hariji’s Dhun (flute, guitare, tabla, basse, drums, tanpura)

Karuna (flute, guitare, kora, tabla, basse, drums), ujne participation de Nathalie Kora (Dussault), harmonisée et fluide.