Archive pour la catégorie 'participation civique'

Le Film L’ABSENCE DE MAMA KEITA À VOIR ABSOLUMENT

Vendredi 24 avril 2009

 

Vendredi 24 avril au Cinéma Beaubien, 2396 rue Beaubien Est, passe à 20 h 30, salle 2, dans la cadre du Festival Vues d’Afrique-PANAFRICA INTERNATIONAL, le film L’ABSENCE  du réalisateur et auteur MAMA KEITA. 

 

Allez vite le voir.  C’est le film a remporté le Premier Prix pour la qualité exceptionnelle du scénario au FESPACO (Ouagadougou 2009).  En 81 minutes, vous allez vivre, avec les photos les plus expressives, une situation riche en actions et en questions grâce aux personnages d’une humanité forte.  Nous sommes captivés de la première à la dernière minute.   Nous sommes conquis par la psychologie des êtres qui partagent leurs angoisses, des personnes qui livrent leurs aspirations les plus intimes, qui vivent avec nous leur quête d’amour, leur besoin de reconnaissance, leur soif de communication et leur volonté d’affirmation de leur totalité existentielle.  Plus qu’un appel à celles et à ceux qui choisissent l’exil et l’apport de talents remarquables aux économies, aux sociétés et aux institutions des pays (du Nord) où ils créent et où ils  développent un savoir faire et des vertus humaines au détriment des pays d’origine (du Sud) où elles et ils sont nés, ce film nous présente un portrait cru et sans complaisance de cet état de réalité complexe et multidimensionnelle.

 

Mama Keita met à notre disposition une oeuvre d’une qualité scénique exquise et sophistiquée, un film construit avec une maîtrise dosée et intelligente de la durée, avec une connaissance précise des ressorts et des moteurs de la vie sociale, de la dynamique politique et des profondeurs spirituelles des humains.  L’auteur et scénariste de génie organise un univers, lui insuffle une énergie faite de la tension qui jaillit des caractères de chaque personnage dans l’interaction dans laquelle il a décidé de les mouvoir.

 

Direction d’acteurs supérieure, thématiques harmonisées et une mise en scène méticuleuse.  Chaque segment du film est scruté, chaque effet spatial est calibré en fonction d’une trame que Mama Keita place avec l’agilité et l’assurance que des années de travail lui ont donné.  Il a mis à l’épreuve un capital d’écoute et son immense puissance d’adaptation et de compréhension des tissus qui font les humains dans leur complexité; cela lui vaut de réussir là où une poignée de grands de l’art cinématographique accèdent : la création d’un monde authentique et crédible.

 

Yves Alavo

 

 

MAMA KEITA

Notes biographiques sommaires

 

Né à Dakar en 1956.

Réalisateur vietnamo guinéen, Mama Keïta possède la double nationalité franco-guinéenne. Après des études de droit à l’Université de Paris I, il devient scénariste.  Il débute sa carrière de réalisateur en 1981 et tourne 5 court métrages puis, en 1990 Ragazzi et Le 11ème commandement en 1997.

En 1998, il réalise le documentaire David Achkar, une étoile filante, un hommage à son ami réalisateur mêlant archives, textes et photos.  Son dernier film, Le fleuve, est né d’un projet originel de David Achkar.  En 1998, David Achkar qui s’apprêtait à tourner Le Fleuve, meurt d’une leucémie. Il fait promettre à son ami, Mama Keïta de faire ce film à sa place. Le cinéaste qui ne connaît pas l’Afrique de l’intérieur et doit s’approprier le film de David Achkar et le faire sien. Il entame alors un voyage initiatique de Dakar à Conakry.

Le Fleuve, son long-métrage réalisé en 2002, reçoit le Prix de la Presse au Festival du film de Paris, 2003.

Il signe Le Sourire du Serpent, réalisé en 2006, en compétition au FESPACO 2007.

En 2009, il sort L’ABSENCE sélectionné au Festival de Rotterdam (Hollande) et dans la compétition officielle du Fespaco 2009 (Burkina Faso) où il remporte le Prix du scénario.

 

 Une critique de TOUKI MONTRÉAL

Dakar, de nos jours. Un taxi jaune et noir se gare dans une cour. En descend un jeune homme, muni pour seul bagage d’une valise. Il sonne à une porte de jardin. Adama, polytechnicien de formation rentre chez lui, après 15 ans d’études passés en France…

L’absence, c’est celle d’Adama aux siens : sa grand-mère, sa cadette Aïcha, son ami d’enfance Djibril. 15 ans de silence, de quasi-indifférence puis ce retour fêté dans la joie de la grand-mère et les larmes d’Aïcha. Or, très vite, la présence d’ Adama dans la maison met à jour l’état de décomposition dans lequel se trouve la famille Diop. A l’image d’ Aïcha qui se prostitue par dépit et par colère envers elle-même, la famille se désagrège, et Adama se sent pour la première fois de sa vie impuissant.

Tout comme cette sœur qu’il lui est devenu impossible d’aider, il y a son pays, le Sénégal, auquel il manque cruellement. « Tu es au premières loges pour assister à l’agonie de tout un peuple, le tien », lui crie son ancien professeur avant de le congédier, car Adama vient de lui avouer qu’il ne resterait pas travailler au pays. Des dialogues âpres, durs mais riches de sens pour dénoncer le phénomène de la fuite des cerveaux.

Des rues mal famées de Dakar aux scènes de violence à la maison, dans des clubs ou des chambres d’hôtel, L’absence, par son jeu d’acteurs et ses dialogues crus, est un film qui nous empoigne et nous oblige à faire face à des réalités qu’on aimerait bien pouvoir ne pas voir.  

Au fond, pour Adama, son pays et sa sœur Aïcha relèvent d’une même quête. Il lui faut porter secours à l’un et à l’autre mais sa marge de manœuvre n’est pas bien grande. Tel un héros des tragédies grecques faisant face à des forces qui le dépassent, Adama subira alors un choix qui n’est pas sien.

 

L’Absence de Mama Keïta

Prix du meilleur scénario, Fespaco 2009

 

 

 

 

Mort de Fredy Villanueva: des ratés avant même l’enquête du coroner

Mardi 7 avril 2009

 Une requête de la famille de la victime et des témoins sera entendue demain

La famille de Fredy Villanueva et les principaux témoins de l’intervention policière qui a coûté la vie au jeune homme reviennent à la charge. Ils réclament à la fois une enquête du coroner élargie afin de traiter du profilage ethnique par les agents du Service de police de Montréal (SPVM) et ils revendiquent des «moyens équivalents» aux policiers pour se faire entendre.

L’enquête publique du coroner sur la mort du jeune Villanueva n’est pas encore commencée qu’elle connaît de sérieux ratés. Selon une requête dont Le Devoir a obtenu copie, les parents du jeune disparu et les principaux témoins de la funeste intervention policière du 9 août dernier, à Montréal-Nord, n’ont pas pu obtenir un exemplaire de la preuve amassée par la Sûreté du Québec (SQ). Et le coroner ad hoc, Robert Sansfaçon, considère qu’ils ne sont plus représentés par des avocats dans le cadre des audiences publiques.

Dans une requête qui sera présentée demain au palais de justice, la famille Villanueva et les cinq témoins du drame (Dany Villanueva, Jeffrey Sagor-Metellus, Denis Meas, Jonathan Senatus et Anthony Clavasquin) réitèrent leur demande pour que soient mis à leur disposition des «moyens équivalents» à ceux des policiers lors des audiences publiques. Ils veulent mettre la main sur la preuve de la SQ, une brique de 1060 pages avec des extraits audio et vidéo. Ils veulent aussi connaître les raisons pour lesquelles la Couronne a choisi de ne pas porter d’accusations contre Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte, les deux patrouilleurs impliqués dans la mort de Villanueva. À ce sujet, ils souhaitent faire témoigner tous les procureurs qui ont passé en revue la preuve compilée par la SQ.

Les parents de Fredy Villanueva, leur fils Dany et les quatre autres témoins ont tous signé cette requête dans laquelle ils réclament également que l’enquête du coroner se penche sur le profilage ethnique au SPVM et sur les allégations de partialité des enquêtes sur les morts d’hommes aux mains de policiers (la SQ enquête sur le SPVM, et vice-versa).

La Ligue des droits et libertés, reconnue comme une «personne intéressée» aux fins de l’enquête, partage cet avis. La Ligue n’a pas signé la requête, mais ses porte-parole tiennent aujourd’hui une conférence de presse, pour se prononcer en faveur de la tenue d’une enquête élargie qui traiterait des questions de profilage ethnique et des allégations d’impunité dont bénéficieraient les policiers impliqués dans des cas de mort d’homme.

 

Un profond malaise

La correspondance entre Robert Sansfaçon, le procureur du coroner, François Daviault, et l’avocat de Jeffrey Sagor-Metellus, Alain Arsenault, lève le voile sur le profond malentendu qui assombrit les chances de succès de l’enquête tant attendue du coroner, à compter du 25 mai.

Le 23 janvier, les avocats de la famille Villanueva et les principaux témoins ont annoncé leur intention de ne plus participer à l’enquête, étant donné que le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, n’acceptait pas d’assumer les frais d’avocats de tout le groupe. Au mieux, le ministre Dupuis a promis de prendre en charge les frais de la famille Villanueva.

Depuis ce jour, le juge Sansfaçon et Me Daviault considèrent que les parents de Fredy Villanueva et les cinq témoins de la mort du jeune homme se représenteront seuls lors des audiences publiques. «Je comprends que vous n’êtes plus représentés par des avocats, mais que vous pouvez toujours participer à cette enquête à titre de personnes intéressées», écrit Robert Sansfaçon dans une lettre du 26 janvier. «Je vous informe cependant que vous devez obligatoirement vous présenter aux dates indiquées sur les subpoenas que vous avez déjà reçus à titre de témoins», ajoute le coroner ad hoc Sansfaçon.

Selon Alain Arsenault, cette position équivaut à un «déni du droit à l’avocat de son choix» pour les Villanueva et les témoins du drame, qui ont pourtant été reconnus comme des «personnes intéressées» dans le cadre de l’enquête publique. La situation est d’autant plus difficile à comprendre que les avocats écartés du dossier ont tous signé la requête dont Le Devoir a obtenu copie.

Par ailleurs, Me Daviault refuse obstinément de donner un exemplaire de la preuve aux avocats de la famille Villanueva et aux témoins. «[…] l’enquête du coroner n’est pas le procès d’un accusé où il y a obligation de divulgation de la preuve pertinente par le poursuivant», explique-t-il dans une lettre du 3 mars dernier dont Le Devoir a obtenu copie. Me Daviault reconnaît par contre que la preuve peut être transmise «de façon volontaire et à certaines conditions».

Les avocats des agents Lapointe et Pilotte et la Fraternité des policiers de Montréal ont obtenu des informations sur l’enquête de la SQ, de même que la Ligue des droits et libertés. Mais quand Jeffrey Sagor-Metellus (atteint d’une balle dans le dos lors de la tragédie du 9 août) a demandé qu’un exemplaire de la preuve lui soit acheminé au bureau d’Alain Arsenault, Me Daviault a répondu au jeune homme qu’il pouvait consulter le document à ses bureaux. Une «partie importante de la preuve documentaire» sera déposée lors du début des audiences, enchaîne Me Daviault dans cette lettre du 17 mars. De plus, une copie d’un rapport ou d’une déclaration sera remise avant chaque témoignage, écrit Me Daviault.

Selon Alain Arsenault, c’est un non-sens. «Comment voulez-vous qu’on se prépare adéquatement sans avoir accès à toute la preuve? À titre d’exemple, il est même possible que les policiers impliqués n’aient jamais été rencontrés par les policiers de la SQ chargés de l’enquête.»

La journée de demain promet donc d’être animée au palais de justice. Outre la requête des Villanueva et des témoins, le policier Jean-Loup Lapointe, qui a ouvert le feu sur Fredy Villanueva, et son équipière Stéphanie Pilotte exigeront une ordonnance de non-publication sur tous les détails (y compris leurs noms) permettant de dévoiler leur identité lors des audiences.

BRIAN MYLES Édition LE DEVOIR du mardi 07 avril 2009

Montréal-Nord: un appel à l’aide des citoyens

Vendredi 3 avril 2009

Près de neuf mois après les tragiques événements survenus à Montréal-Nord, les intervenants communautaires du secteur lancent un appel à l’aide pour obtenir du soutien financier afin de mieux intégrer les citoyens de ce quartier toujours très instable.

Pour y arriver, il faut des projets dont les grandes lignes sont détaillées dans le Rapport des chantiers de Montréal-Nord. Le rapport d’une quarantaine de pages dévoilé cet après-midi révèle qu’un sentiment d’insécurité plane toujours dans le secteur. Le document auquel ont collaboré 120 personnes contient aussi une foule d’initiatives qui devraient être mises en place pour ramener un semblant de normalité dans ce quartier.

«Pour l’instant, nous sommes à soigner nos plaies et à identifier les défis de demain. Nous voulons être entendus et surtout soutenus», a dit Brunilda Reyes, de l’organisme Fourchettes de l’espoir, l’une des instigatrices du rapport.

La jeunesse et la sécurité publique

Les sept chantiers identifiés par les auteurs du document touchent entre autres l’école, la famille, la sécurité, l’emploi et le logement. Les intervenants se sont notamment penchés sur la question des relations entre les policiers et les jeunes.

«La discrimination, le racisme, l’exclusion et le sentiment d’être des citoyens de seconde zone engendrent un malaise profond chez une part importante de la population de Montréal-Nord», peut-on lire dans le document pour lequel plus de 500 résidants du quartier ont donné leur avis.

De nombreux efforts devront être menés pour que la population reprenne confiance dans les forces policières, admet Jean-Pierre Beauchamp, porte-parole du regroupement Montréal-Nord en santé.

«Les jeunes n’ont pas confiance, ils ne veulent pas parler aux agents. Le commandant du poste de quartier est prêt à recevoir leurs plaintes au sujet des policiers. Il est primordial qu’un climat de respect s’installe entre les citoyens et les autorités.»

Des flèches contre l’arrondissement

Quelques flèches sont lancées contre l’arrondissement de Montréal-Nord. Par exemple, le nombre de parcs et d’espaces verts est nettement insuffisant. Les équipements sont jugés «désuets et dans certains cas, dangereux», relate le rapport.

«La répartition géographique de ces services [est] inégale. [Le] financement de base [est] insuffisant à long terme pour assurer la permanence des services», écrit-on plus loin.

La directrice du Centre des jeunes l’Escale, Christine Black, se réjouit des conclusions du document, mais elle rappelle que les ados du quartier attendent maintenant des gestes concrets.

«Les jeunes n’accordent pas d’importance à la paperasse. Ils veulent des activités. Ils sont toujours nombreux à s’inscrire dès qu’une initiative est créée. Mais il en faut plus et il faut que ça dure», observe la jeune femme.

Les responsables de ces chantiers assurent que des annonces seront faites sous peu concernant des projets bien précis à venir.

 

Jean-Michel Nahas, journaliste Rue Frontenac  

FEMME, TU ES PRÉSENTE

Mardi 17 mars 2009

Tu es présente

 

 

Femme

 

Femme de la vie et des victoires

Femme de la joie et des gloires

 

Femmes de tous les combats et de la grande nuit

Femme des airs de paix et de la vie éternelle

Femme Femme 2009.  Pour le 8 mars.

 

Dans tous les instants de conscience

Et de profonde tendresse.

 

Femme décidée

Femme active

Femme intelligente et superbe

Femme royale et géante

Femme engagée et sereine

Femme rassembleuse et combative

Femme, avant-garde du monde et fer de lance de l’humanité

Femme au front de l’espoir

 

Femme des projets de paix

Femme des luttes totales

Femme des idées nouvelles

Femme des actions sublimes

 

Femme des arts et des sciences

Femmes des rêves et des actes de libération

Femme qui Å“uvre le beau

Femme qui crée

Femme qui donne

 

Femme qui est

Femme qui sera

Femme toujours au présent

 

 

 

Femme pourtant d’avenir

Femme de parole

Femme de mouvement

 

Femme fusée et vertige

Femme lune et soleil

Femme saisons et vision

 

Femme de génie

Femme de prouesse

Femme de trouvailles

 

Femmes de retrouvailles

Femme de désir

Femme de pouvoir

 

Femme

Femme

Femme

 

Femme de mots et de sentiments

Femme des émotions et des passions

Femme des extases et des prières

 

Femme des étoiles

Femme des vents

Femme des raz de marrée

 

Femme des couchants et des aubes intimes

Femmes des crépuscules et des sommeils publics

Femmes des vagues et des nuages

 

Femme volcanique

Femme électrique

Femme mécanique

 

Femme artistique

Femme mélodique

Femme rythmique

 

Femme divine

 

Quelle idée super,

Être ensemble.

Si tu le veux.

Je suis à Toi. 

 

Mille élans d’amour.

 

Être infini

Femme

 

 

Yves  ALAVO

8mars 2009.

 

46 664 (son matricule en prison pendant 28 ans)Nelson Rolihlahla MANDELA. (1918-2008) 90 ANS

Vendredi 27 juin 2008

Né le 18 juillet 1918 à Mvezo, district d’Umtata (Transkei) en Afrique du Sud. Prix Nobel de la paix en 1993.Héros de la liberté d’un peuple contre l’apartheid. L’apartheid est un système mis en place en 1913 par les colons européens établis en Afrique du Sud. Le Land Act leur permettait de prendre possession de toutes les terres et de dominer les habitants du pays pourtant majoritaires. Ce mode de contrôle absolu des personnes et des richesses immenses du pays, sera constitutionnalisé en 1948 par des mesures de renforcement des politiques raciales. L’apartheid instaure la séparation totale et une hiérarchie entre les composantes de la société, l’inégalité est consacrée par un système politique raciste. Des lois et règlements discriminatoires interdisent tout contact entre les communautés noire, blanche, métis et indienne. Fils aîné de la famille royale Tembu du Transkei, Nelson Mandela étudie dans les écoles privées dirigées par des missionnaires, il est admis en 1938 dans l’institution supérieure la plus importante réservée aux Africains, l’Université de Fort Hare. Diplômé en droit, il avait déjà été suspendu en 1940 parce qu’il avait organisé des manifestations estudiantines. Après avoir déménagé à Johannesburg il acheva ses études en droit à l’Université d’Afrique du Sud en 1942. Un an plus tard il débuta sa carrière professionnelle d’avocat comme employé de l’Université de Witwatersrand. Désormais, son engagement professionnel sera marqué par ses mandats de procureur et de plus en plus par son action politique au sein de l’ANC. L’African National Congress (ANC), fondé en 1912, demeure l’organisation politique la plus ancienne du continent africain. En 1944, associé dans un cabinet d’avocats avec Oliver Tambo, il adhère à l’ANC et fonde l’aile jeunesse du parti qui va revitaliser l’ensemble du mouvement anti-apartheid. Il sera élu successivement, secrétaire et président de la Ligue des jeunes de l’ANC en 1948 et 1950 alors qu’il assume des responsabilités au Comité exécutif du parti.

Leader politique et chef historique de l’ANC, Mandela entre dans la clandestinité en 1960 quand ce parti politique est interdit par le pouvoir blanc raciste. Auparavant, de 1952 à 1956, il avait organisé contre toutes les mesures de durcicement des politiques racistes du gouvernement, des campagnes de désobéissance civile, des manifestations lors du procès qui l’obligea à renoncer à tout engagement politique pendant ciinq ans. Arrêté et mis en prison en 1962 puis condamné à la prison à perpétuité en 1964, après le long procès dit de la trahison, organisé contre les principaux chefs de l’ANC, il est incarcéré à la prison de Robben Island. Nelson Mandela devient progressivement le prisonnier politique le plus connu et l’un des plus célèbres du monde. La qualité de sa réflexion politique, la force de son charisme dépassaient largement les enceintes de la prison où il devait exécuter de lourds travaux forcés. En 1982 il est transféré à la prison de Pollsmore près de la ville du Cap. Sa popularité incontestable, dûe à la rigueur de la démarche intelligente qu’il a développé face aux brutalités du régime sanguinaire de l’apartheid, suscitera un mouvement de contestation et de nombreuses pressions politiques et économiques contre le gouvernement sud-africain dans la plupart des organisations et des instances internationales. En 1985, le pouvoir en place tente de lui faire acheter sa libération en le forçant à renoncer à ses convictions d’opposant à l’apartheid, il ne céda pas d’un pouce. En 1988, à 70 ans, affaibli par des ennuis de santé causés par des conditions de détention inhumaines, Nelson Mandela fut déplacé à la prison de Victor Verster près de Paarl où la vie semblait moins éprouvante. Des représentants du gouvernement, des ministres et les présidents Botha et de Klerk rencontrent successivement Nelson Mandela. Les négociations sont amorcées au bout de 26 années de détention, un des compagnons et ex-co-accusé avec Mandela au procès de Rivonia, est libéré.

Les discussions se poursuivent, Mandela impose une éthique politique solide et maintient les conditions essentielles de son combat pour des changements importants dans le système politique : démocratisation des institutions, égalité des droits pour tous les citoyens sans égard à la couleur de leur peau, une personne représente un vote, un nouveau gouvernement élu au suffrage universel, reconnaissance des partis politiques et de l’ANC. Personne n’est mieux placé que cet homme, libéré en février 1990, après 28 ans de prison, pour organiser et assurer de manière crédible la transition pacifique d’une société discriminatoire vers une Afrique du Sud ouverte, démocratique et non-raciale. Son envergure personnelle, son palmarès remarquable de politique, de militant ayant donné cinquante ans de vie pour plus de justice, en font une légende vivante. Ce qui impressionne ses interlocuteurs dans le monde : l’absence de rancoeur face aux Blancs sud-africains à qui il assure une participation totale au développement de

la nouvelle Afrique du Sud.

En réserve de la République il est nommé vice-président puis président de l’ANC en 1991 à la suite d’Oliver Tambo. Dès sa sortie des geôles en 1990, une tournée mondiale qui l’avait mené en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi sur le continent africain. À 73 ans, en 1993, il reçoit avec Fréderick de Klerk, le prix Nobel de

la Paix. En 1994, Nelson R. Mandela est élu comme premier président à l’issu des premiers scrutins démocratiques de l’Afrique du Sud. Il venait de réussir, le dernier pari de son existence : relancer un grand parti politique en lui donnant une stature nationale, abolir l’apartheid en 1992, créer des conditions capables de réduire les tensions entre les composantes de la population et réussir à gouverner. Son mandat de cinq ans prendra fin en 1999, il se retirera des affaires publiques car la relève est prête. Il sait tout de même qu’il faudra encore plusieurs décennies pour éliminer les conséquences sociales, économiques, psychologiques et politiques de l’apartheid. YVES ALAVO.

La Candidature du Sénateur démocrate Barack OBAMA, vainqueur en IOWA et en CAROLINE DU SUD

Dimanche 27 janvier 2008

Ce sont, pour la première fois, des milliers de jeunes entre 18 et 29 ans, des centaines de milliers de citoyennes et citoyens de toutes les catégories sociales, issus des communautés absentes de l’échiquier public, des millions d’Américains qui se sont inscrits afin de prendre part aux votes des caucus démocrates. Les primaires cette année ont pris, grâce à la présence et au tonus apporté par la candidature de Barack Obama et à son projet de renouveau social et de refondation de la Nation étatsunienne, les primaires sont devenues cette année un exercice citoyen de participation et d’engagement pour le changement total des pratiques politiques.

 

Depuis le vote dans l’IOWA le 8 janvier 2008 à celui de samedi dernier 26 janvier dans la Caroline du Sud, les appuis de l’ex candidat démocrate John Kerry, celui des Kennedy. Caroline et le Sénateur Edward Kennedy, les appels des syndicalistes, la campagne de Barack Obama s’enracine dans l’Amérique profonde. Le Sénateur de l’Illinois rallie autour de lui les grands chefs de file patriotes et de nombreux professionnels des secteurs publics, mais aussi et surtout tant d’Américains ordinaires qui jusqu’ici détestaient les politiques et les politiciens.

 

 

Barack Obama, avec une décennie de service public à son actif, d’abord comme élu de son État et ensuite comme élu fédéral, membre du Sénat, a créé un mouvement puissant de changement basé sur les convictions profondes de justice, de détermination à croire que l’action civique collective est payante, à inviter tous, sans étiquettes ou caractéristiques particulières à prendre part au processus politique à la base. Près d’un million de nouveaux électeurs viennent de votre au sein des caucus démocrates, dont près du tiers sont des jeunes et un autre tiers classé parmi les indépendants ou les ex-républicains, démarche accomplie avec fierté et enthousiasme reconnaissant qu’un candidat de la stature de Barck Obama représentait la figure la plus solide capable de rassembler toutes les couches de la population, toutes origines sociales, culturelles, des milieux et niveaux économiques les plus divers, un candidat qui crée l’espoir, motive et conduit à l’engagement social et responsable, donne confiance en soi en sa capacité de changer le présent et d’agir en fonction des défis du futur.

 

Son rôle de confectionneur d’une nouvelle vision mobilisatrice, responsable et éthiquement solide pour recréer le rêve, incarner l’espoir et faire renaître un idéal qui dépasse les frontières d’un pays, irradie l’esprit des uns et des autres et génère une énergie nouvelle, Barack Obama l’invente avec une force telle qu’il entraîne à sa suite la fameuse majorité silencieuse. Cet ouragan qui porte un espoir fulgurant de changement, c’est déjà une victoire même si celle qui est le but ultime de la campagne, pourrait ne pas advenir. Si la Convention démocrate en août 2008, le désignait comme candidat, en considérant que les résultats du 5 février 2008 imposaient ce choix, alors ce ne sont pas seulement les États-Unis qui changeront mais ce vent de changement se fera sentir jusque chez nous.