La biodiversité est plus que menacée, elle est en voie de régression rapide. L’intervention des humains et de leurs moyens de production ainsi que de leurs réseaux de transport dans une grande partie des territoires facilement accessibles a bouleversé les équilibres écologiques existants. Les fluctuations climatiques naturelles ont toujours eu un impact sur la répartition des espèces, mais depuis l’ère industrielle les amplitudes de ces modifications et surtout leur rapidité, alors que la pollution et la fragmentation des écosystèmes augmentaient également rapidement a conduit à une situation sans équivalent dans le passé.
Ces dernières décennies, une érosion de la biodiversité a été observée presque partout, et plus de la moitié de la surface habitable de la planète a été modifiée de façon significative par l’espèce humaine. S’il y a désaccord sur les chiffres et les délais, la plupart des scientifiques pensent que le taux actuel d’extinction est plus élevé et rapide qu’il ne l’a jamais été dans les temps passés. La majorité des experts en écologie estiment même qu’une extinction massive est déjà en cours. Plusieurs études montrent qu’environ une espèce sur huit des plantes connues est menacée d’extinction. Chaque année, entre 17 000 et 100 000 espèces disparaissent de notre planète, et un cinquième de toutes les espèces vivantes pourrait disparaître en 2030. Il y a consensus sur le fait que l’homme en soit la cause, en particulier par la fragmentation des habitats et/ou la destruction des écosystèmes abritant ces espèces. Sans négliger l’évolution même des espèces ni leur mise en place au cours du temps dans des espaces donnés, on ne peut que constater en termes de bilan que les pertes quantitatives et surtout qualitatives sont énormes, et qu’à l’échelle planétaire ces dernières s’effectuent de manière régulière et pernicieuse.
Mers et océans : une étude statistique publiée en 2006 s’appuyant sur l’analyse durant quatre ans de données couvrant une période de mille ans, pour 48 zones de pêche dans le monde montre que les espèces actuellement pêchées (poissons et crustacés) pourraient quasiment toutes disparaître en 2048 sans mesure supplémentaire de préservation. En 2006, 29% des espèces pêchées sont déjà sur le point de disparaître, imposant un appel plus important aux piscicultures dont certaines dégradent l’environnement. La perte importante de biodiversité marine fragilise les écosystèmes marins et par voie de conséquence le climat et ceux de la planète entière, car les mers et océans sont essentiels aux cycles biogéochimiques, dont celui de l’oxygène.
Certains estiment que la conversion d’écosystèmes anciens (ou de substitution, tels que prairies, bocage…) en écosystèmes standardisés (e.g. par exemple, déforestation suivie de monoculture intensive) a des effets encore plus négatifs sur la biodiversité que la surexploitation d’espèces ou la dégradation d’écosystèmes primaires.
D’autres pensent que c’est l’absence de droits de propriété ou de règles d’accès aux ressources qui ont conduit à l’exploitation anarchique des ressources naturelles.Parmi ces détracteurs, quelques-uns affirment que des extrapolations abusives sont faites et que le rythme actuel de disparition des espèces ou de destruction des forêts tropicales, des récifs coralliens ou des mangroves (trois sortes d’habitat riche en biodiversité) n’est pas suffisant pour parler d’extinction de masse. Ainsi, la majorité des extinctions ou les extinctions les plus importantes ont été observées sur des îles.
Néanmoins, outre que les théories de l’écologie du paysage prédisent que c’est effectivement d’abord sur les îles que les espèces doivent disparaître, c’est justement un phénomène d’insularisation éco paysagère que les scientifiques observent sur les continents. De plus, les inventaires montrent pour une grande quantité d’espèces, que si celles-ci n’ont pas tout à fait disparu, elles ont souvent, en quelques décennies, vu fondre ou disparaître leurs populations de l’essentiel de leur ancienne aire de répartition, ce qui a nécessairement réduit leurs diversités génétiques. Enfin, l’accélération de la quasi-disparition de ressources halieutiques autrefois communes est flagrante, avec par exemple la quasi-disparition de plus de 200 espèces de poissons dans le lac Victoria (à comparer à 129 espèces d’eau douce seulement pour toute l’Europe), suite à l’introduction de la perche du Nil en 1954) laisse craindre la possibilité, dans un temps bref, d’une extinction de masse d’origine humaine. Le film documentaire Le Cauchemar de Darwin (2005) illustre également cet aspect.
Outre la surpêche et la surexploitation des forêts, la déforestation et la destruction des forêts anciennes par la sylviculture, des phénomènes sociaux aussi divers la collection (d’animaux, de plantes, d’invertébrés, de coquilles, etc. ou l’élevage domestique d’espèces rares prélevées dans la nature, ou l’intérêt pour l’or (cf orpaillage destructeur en Amazonie par exemple), ou l’intérêt pour des sous-produits animaux rares (caviar, fourrure)[24], voire l’impact de certaines médecines traditionnelles prélevant leurs ressources dans la nature non-cultivée), du tourisme de nature ou encore de la pêche ou de la chasse de loisir… aggravent la situation.
Enfin, la vitesse et le taux de régression des espèces nocturnes sont mal suivis et peu étudiés, mais le phénomène dit de pollution lumineuse pourrait avoir été sous-estimé dans ses impacts en termes de fragmentation écologique de l’Environnement nocturne; or il est en progression constante et rapide depuis les années 1950. Les 4 derniers rhinocéros blancs de Sumatra ne sont pas menacés par la pollution, mais par la valeur que certains accordent à leurs cornes devenues rarissimes, ce qui montre que donner une valeur commerciale à une espèce ou un animal, ne suffit pas à le protéger.
Actions de gestion, restauration et protection de la biodiversité
La biodiversité est devenue un motif de préoccupation mondiale. Tout le monde n’est pas d’accord sur le fait qu’une extinction massive est ou non en cours, mais la plupart des observateurs admettent la disparition accélérée de nombreuses espèces, et considèrent essentiel que cette diversité soit préservée, selon le principe de précaution.
La présence de l’homme, mais surtout l’intensivité de ses actions perturbent les équilibres écologiques avec, notamment dans les plaines, une destruction et fragmentation croissante des habitats, devenus deux des principaux facteurs de la perte d’un haut niveau de richesse biologique, l’autre étant les invasions biologiques. Une grande partie des activités humaines semblent compatibles avec le maintien d’une biodiversité importante à condition que certaines règles de gestion et d’aménagement soient respectées. Certaines demandent de profonds changements, sociaux, politiques et économiques.Deux types d’options de conservation de la biodiversité émergent : la conservation in situ (dans le milieu naturel), et ex situ (hors du milieu naturel). La conservation in situ est souvent vue comme la stratégie idéale, mais est rarement possible. De nombreux cas de destruction d’habitats d’espèces rares ou d’espèces en voie de disparition requièrent la mise en place de stratégies de conservation ex situ. Certains estiment que les deux types de conservation sont complémentaires.
Un exemple de conservation in situ est la mise en place de zones de protection. La conservation de gènes dans des banques de semence est un exemple de conservation ex situ, laquelle permet la sauvegarde d’un grand nombre d’espèces avec un minimum d’érosion génétique.
De manière générale, la préservation de la biodiversité implique la préservation des grands équilibres écologiques, à quelque échelle que ce soit : habitat, forêt, région, monde… Équilibres qui, s’ils sont rompus, entraînent de graves dysfonctionnements biologiques aux conséquences souvent désastreuses, parfois imprévisibles, sur les sociétés humaines en général et leur fondement économique en particulier.
Dans le monde
L’évolution de la biodiversité était l’un des sujets les plus discutés lors du Sommet pour le développement durable, à Rio de Janeiro, dans l’espoir de la mise en place d’un fond de conservation global pour le maintien des espèces et des collections (conservatoires, banques de graines, etc.). C’est également lors de ce sommet que le 22 mai a été déclaré Journée internationale de la biodiversité.
La Convention sur la diversité biologique votée à Rio, avant d’être ratifiée par ses Parties-membres, engage les états signataires et l’Union Européenne à prendre des mesures de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité ainsi qu’au partage équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques. Le partage des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques est régit par des contrats privés. Mais il semble, que pour une application efficace de la Convention sur la diversité biologique, il faut aujourd’hui tenir compte des utilisateurs. La responsabilité de l’utilisateur peut permettre une réactualisation des problématiques ainsi que l’ouverture de nouveaux chantiers d’étude. Cette implication peut s’exercer sur différents domaines tels que: le transfert des technologies, la divulgation de l’origine des ressources génétiques ou l’accès à la justice en cas de différend.
La convention de 1972 de l’Unesco sera utilisée pour aboutir sur un accord juste sur le partage des bénéfices résultants. La bioprospection peut devenir ce qui a été appelé biopiraterie quand ces règles ne sont pas respectées.
La biodiversité urbaine, et celle de la nature banale sont aussi des préoccupations émergentes, avec quelques expérimentations d’intégration dans la gestion urbaine et l’architecture (Construction à biodiversité positive, quinzième cible HQE, etc.).