Archive pour la catégorie 'Culture'

BAMBARA TRANS, UNE OASIS DE MONTRÉAL AU MONDE

Mercredi 9 juillet 2008

La fête est magique, la salle, le salon, la boîte mythique du Balattou, ce lundi 7 juillet 2008, 07-07-08, vibre d’intenses émotions et de larges souffles d’énergie sublime, le lancement, la musique du CD de Bambara Trans, KHALOUNA, exultent dans cette oasis virtuelle. Le peuple métis, les amoureux de l’Afrobeat, du reggae, de la fusion, d’une salsa Gnawa aux accords futuristes, flambent unis et divers. Sons des cuivres, guitares sorcières, voix harmonique et diachronique et voix rauque mélodique du maestro Khalil Abouabdelmajid, percussions nègres et suaves, sensuel saxophone et trombone mystérieux, c’est la consécration du groove supérieur. Musique actuelle et jaillie pour nos espoirs à naître.

Paroles de vie et en langues si humaines et si tendres aux oreilles, verbe qui chante et offre une généreuse énergie, une invitation au partage, une sonorité qui plante les nostalgies et ouvre des espaces de paix infinie. Les notes, les accents de rêve et les mélodies désertiques soignent nos âmes éternellement. Les voix sont chaleureuses, sensuelles et envoûtantes. Les productions Nuits d’Afrique, Musique Multi Montréal, comme une avancée pour la mise au monde des Productions Bambara Trans. Bravo.

Seconde après seconde, la danse des notes habite chacun, la danse des sons enveloppe les âmes et fait surgir l’esprit créatif. KHALOUNA. Procurez-vous le CD. Écoutez, vivez et partez en expédition intérieure avec la première aventure du disque Afrobambara. Onze minutes de voyage trans-créatif. Il s’agit de la vie, des actions qui portent à réfléchir. Pas d’analyse, des rythmes, des paroles en or, des sons rassembleurs, des interactions comme dans Hijab, chocs de sons et confrontation des sentiments, mélodies vertes et fortes qui explosent en un bouquet semblables à ceux des décors des palais anciens. La mer est présente rassurante, fusion profonde des musiques unies et progressives. Or des sons, argent des teintes, couleurs de cuivre, musique universelle qui attend son heure et qui va connaître la consécration mondiale. Allez, jouez musiciens de Bambara Trans, vous avez le monde à vous.

La pochette, l’habit du CD, design de Mehdi Benboubakeur : caravane urbaine dans un centre Montréalais aux ocres, sables et vents de passion, dit cette soif de vivre et de créer. Vive Bambara Trans.

 

Yves Alavo

EURO 2008 : VIVA ESPANA!

Dimanche 29 juin 2008

12 BUTS MARQUÉS EN SIX MATCHES CONTRE TROIS ENCAISSÉS, tel est le palmarès de l’équipe invaincue de cette 13e coupe d’Europe des Nations européennes (UEFA). Sept des buts l’ont été face à la Russie, équipe du même groupe qui a réussi à se qualifier pour les demi-finales. Depuis 1964, les Espagnols n’ont réussi à décrocher aucun titre européen comme nation du foot. Cette finale est leur planche de lumière pour rétablir leur honneur. Ils sont classés au 4e rang par la FIFA, dans le concert des grandes nations du football mondial et 2e en Europe.

Attaques, contre-attaques des Espagnols, trois tirs au but dont deux têtes de José Sanz Fernando Torres, attaquant de pointe, titulaire de Liverpool et du signe astrologique du bélier (24 ans, né le 20 mars 1984) fer de lance de la Sélection nationale ibérique. L’Espagne domine ce début de match sans marquer. Les Allemands frappent, font des fautes, surtout leur capitaine Michael Ballack qui distribue coup de pied après coup de pied sans recevoir ni avertissement verbal, ni carton jaune de la part de l’arbitre.

Au tournant des trente minutes les Espagnols envoient encore, par Fàbregas un boulet vers Lehman qui n’a cessé d’être occupé durant cette première demi heure. Un quatrième coup franc causé par un coup de pied en l’air de Ballack, les ibériques dominent, ils sont souvent poussé au sol et enfin 33e minute, Fernando Torres marque en contre, le jeune homme de 24 ans ouvre le score. Justice. Le roi Juan Carlos est heureux. Belle manière face au coup de pied du gardien allemand qui est sorti tacler durement El Nino. Prouesse de technique et de rapidité qui axe cette équipe sur la rampe de la gloire. Gloire méritée, espoir de toute une péninsule où vivent près de 45 millions d’Espagnols euphoriques prêts, au coup de sifflet final, à laisser exploser leur joie, leur énergie, leur amour de la mélodie footballistique, jouée comme une farandole et un Flamenco héroïque, andalou et universel. Toutes et tous, les enfants de la révolution et du socialisme nouveau de José Luis Zapatero, chantaient en cÅ“ur les mots de Federico Garcia Lorca «C’est notre heure. Nous devons être jeunes et vaincre.»- extrait de Entrevista

Tirs sur tirs au but, coup de tête des Allemand contre Xabi Alonso et Silva, provocations et insultes. Aragones fait entrer des remplaçants et les Allemands perdent les nerfs. Coup franc pour l’Espagne et coup dans les bras de Lehman (gardien de l’Allemagne) par Sergio Ramos. Iniesta remporte une touche et les arbitres favorisent encore les Allemands. Ballack perd une balle et Cazorla a failli faire une passe de but à Torres. Ramos occasionne un coup franc dans l’entrée gauche de la surface de Cassilas et un coup franc de Fringes, l’Irano-Allemand Kurany en profite pour descendre un joueur espagnol, coup franc. Le match se développe, domination spatiale, maîtrise technique, gestion du temps et accélérations constantes, les joueurs ibériques planent sur le terrain de Vienne.

72e minute, 85e minute, tant de fautes et tant de fautes des Allemands, un autre coup franc que F.Villa et Hernandez tirent, rien. Les Espagnols dominent sans marquer, les Allemands attendent pour voler le match. Hors-jeu, astuces et antijeu. Touche de part de Puyol, le fol Kurany fait une autre faute sur Marcos Senna, un coup si évident que l’arbitre lui donne un carton jaune. Il reste 5 minutes avec les arrêts de jeu. L’Espagne perd de nombreuses balles. Ballack va perdre une 5e finale… Ballack insulte l’arbitre, un coup franc de plus pour les Espagnols. Les dernières minutes défilent et la gloire est au bout des efforts et de la magnanimité castellane. Viva Espana, la Coupe est dans les mains du gardien Casillas, capitaine valeureux qui remporte aussi le trophée du cerbère le plus constant de l’Europe, consécration totale pour ces artistes qui ont joué comme des artisans : respiration, ouverture, génie collectif et effort joyeux.

C’est un Marius Trésor ou encore un Amadou Tigana qui auraient pu être sur cette tribune du stade de Vienne avec Michel Platini et remettre la coupe et les médailles aux finalistes et aux vainqueurs. Mais, encore bien du chemin à construire en matière d’équité dans les instances internationales du sport où la représentativité est vraiment lacunaire.

Yves ALAVO.

Les héros de cette finale :Sans le meilleur buteur de la compétition le numéro 7 David Villa, 4 buts1 Iker Casillas »Gardien4 Carlos Marchena »Défenseur5 Carles Puyol »Défenseur11 Joan Capdevila »Défenseur15 Sergio Ramos »Défenseur6 Andrés Iniesta »Défenseur8 Xavi Hernández »Milieu10 Cesc Fàbregas » M Milieu12 Santi Cazorla »Milieu14 Xabi Alonso »Milieu19 Marcos Senna »Milieu9 Fernando Torres »Attaquant, 16 Sergio García »Attaquant, 17 Daniel Güiza »Attaquant.

46 664 (son matricule en prison pendant 28 ans)Nelson Rolihlahla MANDELA. (1918-2008) 90 ANS

Vendredi 27 juin 2008

Né le 18 juillet 1918 à Mvezo, district d’Umtata (Transkei) en Afrique du Sud. Prix Nobel de la paix en 1993.Héros de la liberté d’un peuple contre l’apartheid. L’apartheid est un système mis en place en 1913 par les colons européens établis en Afrique du Sud. Le Land Act leur permettait de prendre possession de toutes les terres et de dominer les habitants du pays pourtant majoritaires. Ce mode de contrôle absolu des personnes et des richesses immenses du pays, sera constitutionnalisé en 1948 par des mesures de renforcement des politiques raciales. L’apartheid instaure la séparation totale et une hiérarchie entre les composantes de la société, l’inégalité est consacrée par un système politique raciste. Des lois et règlements discriminatoires interdisent tout contact entre les communautés noire, blanche, métis et indienne. Fils aîné de la famille royale Tembu du Transkei, Nelson Mandela étudie dans les écoles privées dirigées par des missionnaires, il est admis en 1938 dans l’institution supérieure la plus importante réservée aux Africains, l’Université de Fort Hare. Diplômé en droit, il avait déjà été suspendu en 1940 parce qu’il avait organisé des manifestations estudiantines. Après avoir déménagé à Johannesburg il acheva ses études en droit à l’Université d’Afrique du Sud en 1942. Un an plus tard il débuta sa carrière professionnelle d’avocat comme employé de l’Université de Witwatersrand. Désormais, son engagement professionnel sera marqué par ses mandats de procureur et de plus en plus par son action politique au sein de l’ANC. L’African National Congress (ANC), fondé en 1912, demeure l’organisation politique la plus ancienne du continent africain. En 1944, associé dans un cabinet d’avocats avec Oliver Tambo, il adhère à l’ANC et fonde l’aile jeunesse du parti qui va revitaliser l’ensemble du mouvement anti-apartheid. Il sera élu successivement, secrétaire et président de la Ligue des jeunes de l’ANC en 1948 et 1950 alors qu’il assume des responsabilités au Comité exécutif du parti.

Leader politique et chef historique de l’ANC, Mandela entre dans la clandestinité en 1960 quand ce parti politique est interdit par le pouvoir blanc raciste. Auparavant, de 1952 à 1956, il avait organisé contre toutes les mesures de durcicement des politiques racistes du gouvernement, des campagnes de désobéissance civile, des manifestations lors du procès qui l’obligea à renoncer à tout engagement politique pendant ciinq ans. Arrêté et mis en prison en 1962 puis condamné à la prison à perpétuité en 1964, après le long procès dit de la trahison, organisé contre les principaux chefs de l’ANC, il est incarcéré à la prison de Robben Island. Nelson Mandela devient progressivement le prisonnier politique le plus connu et l’un des plus célèbres du monde. La qualité de sa réflexion politique, la force de son charisme dépassaient largement les enceintes de la prison où il devait exécuter de lourds travaux forcés. En 1982 il est transféré à la prison de Pollsmore près de la ville du Cap. Sa popularité incontestable, dûe à la rigueur de la démarche intelligente qu’il a développé face aux brutalités du régime sanguinaire de l’apartheid, suscitera un mouvement de contestation et de nombreuses pressions politiques et économiques contre le gouvernement sud-africain dans la plupart des organisations et des instances internationales. En 1985, le pouvoir en place tente de lui faire acheter sa libération en le forçant à renoncer à ses convictions d’opposant à l’apartheid, il ne céda pas d’un pouce. En 1988, à 70 ans, affaibli par des ennuis de santé causés par des conditions de détention inhumaines, Nelson Mandela fut déplacé à la prison de Victor Verster près de Paarl où la vie semblait moins éprouvante. Des représentants du gouvernement, des ministres et les présidents Botha et de Klerk rencontrent successivement Nelson Mandela. Les négociations sont amorcées au bout de 26 années de détention, un des compagnons et ex-co-accusé avec Mandela au procès de Rivonia, est libéré.

Les discussions se poursuivent, Mandela impose une éthique politique solide et maintient les conditions essentielles de son combat pour des changements importants dans le système politique : démocratisation des institutions, égalité des droits pour tous les citoyens sans égard à la couleur de leur peau, une personne représente un vote, un nouveau gouvernement élu au suffrage universel, reconnaissance des partis politiques et de l’ANC. Personne n’est mieux placé que cet homme, libéré en février 1990, après 28 ans de prison, pour organiser et assurer de manière crédible la transition pacifique d’une société discriminatoire vers une Afrique du Sud ouverte, démocratique et non-raciale. Son envergure personnelle, son palmarès remarquable de politique, de militant ayant donné cinquante ans de vie pour plus de justice, en font une légende vivante. Ce qui impressionne ses interlocuteurs dans le monde : l’absence de rancoeur face aux Blancs sud-africains à qui il assure une participation totale au développement de

la nouvelle Afrique du Sud.

En réserve de la République il est nommé vice-président puis président de l’ANC en 1991 à la suite d’Oliver Tambo. Dès sa sortie des geôles en 1990, une tournée mondiale qui l’avait mené en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, mais aussi sur le continent africain. À 73 ans, en 1993, il reçoit avec Fréderick de Klerk, le prix Nobel de

la Paix. En 1994, Nelson R. Mandela est élu comme premier président à l’issu des premiers scrutins démocratiques de l’Afrique du Sud. Il venait de réussir, le dernier pari de son existence : relancer un grand parti politique en lui donnant une stature nationale, abolir l’apartheid en 1992, créer des conditions capables de réduire les tensions entre les composantes de la population et réussir à gouverner. Son mandat de cinq ans prendra fin en 1999, il se retirera des affaires publiques car la relève est prête. Il sait tout de même qu’il faudra encore plusieurs décennies pour éliminer les conséquences sociales, économiques, psychologiques et politiques de l’apartheid. YVES ALAVO.

EURO 2008 : TURQUIE-ESPAGNE, FORCE MORALE ET PASSION DU FOOT.

Dimanche 22 juin 2008

Deux équipes sortent du lot, l’une par sa force morale, sa cohésion, sa discipline enthousiaste, la Turquie; l’autre, passion, classe, haute technique et équilibre, l’Espagne.

À première vue, la compétition en cours est celle du renouveau, d’un changement de la garde avec la musique et

la détermination Alaturka, un ouragan plein d’intelligence et de talent. Mais aussi avec Espana Nueva la force tranquille, maîtrise stratégique et tactique, précision technique et occupation scientifique de l’espace, économie de l’énergie physique réussie grâce à une condition irréprochable : complémentarité des lignes et mise au service du collectif des spécialisations individuelles. Les deux autres équipes la Russe et l’Allemande pourraient servir de faire valoir, même si la vague slave, jeune, rapide et disciplinée représente, malgré sa défaite face aux protégés de Luis Aragones (1-4) lors des 1/8e de finales, une raison de fierté.

Froidement quand nous regardons les quatre groupes de base de cette 13e édition de l’Euro, dont la première édition a eu lieu en 1960, un seul groupe n’a aucun représentant aux ½ finales, les groupe C de la France et de l’Italie où se sont illustrés les néerlandais de Van Basten, sortis par les Russes (3-1), la Turquie représente le Groupe A, l’.Allemagne le B et les deux premiers du groupe D Espagne et Russie se atteignent le carré d’AS. Cette évolution des équipes nationales permet de circonscrire les tendances modernes du football qui sont paradoxales, l’absence de l’Angleterre alors que trois sur quatre des clubs ½ finalistes de la Coupe des Champions sont issus du football britannique, en est une illustration forte. Les forces orientales surgissent Allemagne-Turquie et Russie, alors que la fantaisie et l’imagination créatrice des sudistes (berbéro-andalou ou afro-méditerranéens) se distinguent avec brio au sein du concert des virtuoses du ballon rond européen.

En 2000, c’est l’équipe de France de Zinedine ZIDANE, alors championne du monde qui remporte la palme européenne et réussit l’inégalé pari de mériter, dans la suite historique la palme d’or mondiale et le trophée européen. 2004 voit une équipe soudée et forte d’un jeu collectif sobre et efficace, dont les joueurs jouaient ensemble depuis plusieurs années, devenir championne des Nations européennes :

la Grèce.

Nous vivons aujourd’hui une rupture sans précédent, à la fois valorisation du jeu créatif et confirmation de la prédominance du football technique et inspiré tel qu’il se vit majoritairement en Afrique et en Amérique du Sud, ainsi que la confirmation de l’importance de la qualité collective du jeu : synchronisation des flux énergétiques individuels selon des phases de jeu et le tempo collectif, harmonisation et adaptation techniques, tactiques et stratégiques face aux réactions adverses. Dans cette optique, les gardiens de but (Volkan Demirel, Recber Rustu pour la Turquie et Iker Casillas pour l’Espagne) ainsi que les joueurs de champ (attaquants David Villa meilleur buteur de l’Euro 2008 et Nihat Kahveci, pour la Turquie blessé face aux Croates, donc absent lors des ½ finales) se sont illustrés de manière exceptionnelle réalisant des exploits sportifs de très haut niveau qui ont pesé directement sur le score et sur les actifs et la fiducie footballistiques de l’EURO 2008.

Yves ALAVO.

Les douze premiers vainqueurs de la Coupe d’Europe des Nations : 1960 URSS, 1964 Espagne, 1968 Italie, 1972 Allemagne, 1976 Tchécoslovaquie, 1980 Allemagne, 1984 France, 1988 Pays-Bas, 1992 Danemark, 1996 Allemagne, 2000 France, 2004 Grèce.

EXIL ET DESTIN

Lundi 16 juin 2008

Dire ces mots qui traduisent la dynamique sans cesse mouvante de l’exil culturel et total.

Exil de soi et soi-même en absence de soi.

Exil de sa culture, toujours vivante et fertile, puissante et fière.

Exil du cœur jamais parti et pourtant orphelin.

Exil de l’âme, errante et toujours solidement enracinée.

Exil des esprits, vagues, souvent obsessifs, parfois pacifiques.

Exil de l’énergie, diffuse, envahissante, jamais anéantie, force première qui propulse chacun vers un destin nouveau.

Destin mystérieux, voyage au cœur du rêve et de la passion.

Destin mystique, contemplation sur la cime des cœurs et folle extase.

Destin à construire, destin à inventer, destin nouveau et antique relique des mémoires multiples qui hantent l’exilé.

BERNARDIN, CARDINAL GANTIN, EST MORT

Mercredi 21 mai 2008

Il était le premier évêque africain à accéder à cette distinction. L’itinéraire de Bernardin Gantin au sein de l’Église catholique romaine a été exceptionnel. De son ordination comme prêtre le 14 juillet 1951, à sa disparition à Paris le l3 mai dernier, à l’âge de 86 ans, le prélat béninois a occupé de hautes fonctions qu’il a assumées avec humilité. Consacré évêque en 1957 (le plus jeune de l’histoire ecclésiale il avait 35 ans), Bernardin Gantin est nommé archevêque de Cotonou le 5 janvier 1960 (à 38 ans) le premier archevêque élu de toute l’Afrique, poste qu’il occupe pendant 11 ans. Président de

la Conférence épiscopale régionale d’Afrique de l’Ouest, il est appelé en 1971 (à 49 ans) à Rome par le Pape Paul VI à l’actuelle Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Il est nommé cardinal par le Pape Paul VI (en même temps que Joseph Ratzinger, le futur Pape Benoît XVI) lors du consistoire du 27 juin 1977 (à 55 ans). En 1978 à la mort du Pape Jean-Paul Ier il est considéré comme un des papabiles (c’est-à-dire favoris pour succéder au Pape défunt lors du Conclave). Si de notre vivant un humain né de l’Afrique eût pu devenir le Pape venu de ce continent-mère, c’est bien lui, Bernardin, Cardinal Gantin.

Cet homme qui a assumé les plus hautes charges au sommet de la hiérarchie de l’Église catholique actuelle, vient de la famille royale d’Abomey (Bénin, ex-Dahomey), prince de sang il est devenu prince de l’Église. Il a été le seul africain de notre histoire contemporaine à incarner ce que peut vivre de fierté et de reconnaissance un continent dans sa totale identité et dans sa contribution et sa présence au monde.

Respecté et craint pour son intelligence et sa grande autorité intellectuelle et spirituelle, mais aussi admiré pour son génie à agir avec souplesse comme un immense pasteur qui protège les siens et aussi à savoir prendre des décisions et mettre en œuvre de grands projets avec fermeté, donnant ainsi plein sens à son nom qui en langue Fon veut dire Gan « fer » Tin « arbre », savant métissage d’ouverture et de compréhension, de fidélité aux principes de l’Église et de complicité avec les cultures, les particularités ancestrales propres aux peuples qui composent la grande famille des croyants.

A Cotonou, certains l’appelaient « le sage dans la tempête » ou encore « la lumineuse intelligence chrétienne ». Ceux qui ont connu Bernardin Gantin louent son incroyable mémoire, sa délicatesse légendaire et son humilité. Après trente ans de cardinalat, cette figure de l’Église catholique devrait finir ses jours à Rome, avec les honneurs dus à son rang. Cependant, en 2002, il a préféré rentrer chez lui « comme un missionnaire romain en Afrique ». Solide comme un roc, cet homme à l’allure sportive a conservé, en près de soixante-dix ans de vie active, au service de la communauté des croyants de tous horizons et plus spécialement de la foi catholique, une énergie, un sens critique permanent, une curiosité intellectuelle et un optimisme généreux sans faille.

« Je suis revenu ici à Cotonou en 2002. Et j’ai fait ce choix pour prier, pour aider de ma présence et de ma prière les évêques de mon pays », disait-il souvent aux journalistes du monde qui l’interrogeaient sur les difficultés de la pratique religieuse sur le continent africain dans un contexte où l’Islam et les sectes semblent progresser : « J’ai vécu hors de mon continent pendant trente et un ans. Pendant cette période l’Afrique n’est pas restée immobile. Il faut dire, pour être juste, qu’il y a eu une amélioration des conditions de vie moyennes. Cela, il faut le reconnaître. Et de cela nous rendons grâce au Seigneur».

À propos des mécanismes et des termes de l’échange entre pays plus riches et de nombreux États africains, notamment en ce qui concerne l’acheminement de l’aide dans les cas de crises, la réponse du cardinal est directe : « Mais je crois malgré tout que la voie la plus efficace est celle des Églises, ne serait-ce que parce que, dans ce cas, il est plus facile de contrôler et de vérifier que les biens vont effectivement à ceux à qui ils sont destinés et qu’ils ne servent pas à entretenir l’odieux mécanisme de la corruption. Car la corruption est malheureusement très développée sur notre continent ». Mon grand oncle a vraiment vécu dans la simplicité des moyens, sans chercher à accumuler quelque richesse et ses derniers mots, répondant à quelqu’un qui avait vu sa vie modeste au pays, ont été : « Matériellement, je n’ai plus rien. C’est mieux ainsi! Cette pauvreté matérielle m’aide à mieux vivre la pauvreté spirituelle, ce détachement indispensable à la disponibilité du cœur et de l’esprit pour l’essentiel ».

Quelques dates :

8 mai 1922 : Naissance à Cotonou (ex-Dahomey, aujourd’hui Bénin)

1936 : Entrée au séminaire

14 juillet 1951 : Ordonné prêtre à 29 ans Dès 1956 : À 34 ans, Pie XII le nomme évêque coadjuteur de Cotonou.

1959 : Archevêque de Cotonou (à 37 ans)

1960 : Le premier archevêque métropolitain (38 ans) de toute l’Afrique, Président de la Conférence épiscopale d’Afrique occidentale francophone (Cerao)

1962-1965 : Participant du concile Vatican II, sous sa sainteté Jean XXIII, il a 40 ans.

1971 : Paul VI le nomme à Rome à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, il a 49 ans.

27 juin 1977 : Le pape Paul VI, le crée Cardinal (à 55 ans) lors du Consistoire, en même temps que le Cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.

1978 : Mort de Jean-Paul Ier le cardinal Gantin est considéré comme un Papabile. Il a 56 ans.

Le 8 avril 1984 : Le Pape Jean-Paul II le nomme Préfet de la congrégation des évêques au Vatican (62 ans).

1993 : Doyen du collège des cardinaux (à 71 ans).

2005 : Il participe au Conclave, mais sans droit de vote car il atteint le limite d’âge, il a alors 83 ans.

8 mai 2008 : Il a 86 ans.

13 mai 2008 : Décès à Paris. Il a 86 ans.

En conclusion : Sous la responsabilité de monsieur l’Abbé Jean Clotaire Bocco, originaire du Bénin, plusieurs prêtres ont concélébré une messe en hommage au Cardinal Bernardin Gantin, dimanche 25 mai 2008, à 17 h 00 en l’église Saint-Germain d’Outremont.

La troupe de théâtre Art Neuf

Mardi 13 mai 2008

Le rêve d’Alvaro, un texte d’Eudes Labrusse, dimanche 20 avril 08 Au Centre culturel Calixa Lavallée. Sous la houlette du metteur en scène Robert Maurac, onze artistes, acteurs et actrices ont joué en moyenne deux ou trois rôles différents, durant plus de deux heures, au cours de cinq représentations, dans un décor fantastique et vêtus de costumes adaptés aux situations parfois rococo. Spectacle actuel sur les abus de pouvoir, les trafics de tous genres et cette fameuse et intempestive omniprésence des médias sensationnalistes, imprimés ou électroniques. Des situations de corruption, d’exploitation via les pratiques des supranationales qui règnent sur la planète. Les pays du Sud, les populations les plus vulnérables sont à la merci de tous les truands : trafic d’armes, trafic d’influences, trafic de drogue, trafic des vies, trafic des corps, trafic des esprits, trafic des cultures, trafic des nouvelles, trafic des inventions, trafic des profits et excès des profits, tout pour le pouvoir et tout pour l’argent. La terre se meurt où allons-nous? La terre se meurt, que faites-vous? Le refrain est repris en chœur de mille et une façons. Métaphore de nos désirs communs de sauver notre terre, mère. Souvent au cours de la pièce des chœurs, des voix à l’unisson se font entendre comme pour dire le besoin de solidarité face aux fanatiques de la terreur, terreur des riches et des puissants sur les âmes pures, comme celle du jeune Alvaro qui part avec son lama à la recherche de la plus belle femme du monde. Cette étoile va choisir le berger montagnard humble et pauvre, préféré au richissime propriétaire des mines et un peu genre Sylvio Berlus…, tenant des horaires impossibles, servis par mille adjoints qui s’occupent de tout sauf de l’âme. Avec 15 productions présentées depuis 1993,

la Troupe Art Neuf est un joyau. Preuve, le Prix d’interprétation du Festival de théâtre amateur de Montréal gagné en 2004 avec les Femmes jalouses de Goldoni et celui de la mise en scène du même Festival, remporté en 2006 avec Pygmalion de Georges B. Show. Notons que le directeur de la troupe Robert Maurac a reçu le prix Paul Buissonneau en 2006, qui souligne sa contribution au développement du théâtre amateur montréalais. Distribution : Pierre Audette (aussi musique originale et guitare électrique), un acteur total qui, à l’instar de l’authentique « bélier » se donne avec générosité du début à la fin, Daniel Boudrias, Christophe Camart, Pierre-Édouard Chomette, Johanne Dufour, Paule Gilbert, Nathalie Labbé, Diane Leprohon, Gérald Morin, Mike Muchnik, Élisabeth Rivest. Équipe technique : Robert Maurac (mise en scène), Pierre Savoie (conception des éclairages), Ginette Trudel et Diane Leprohon (décors et costumes), Marie-Claude Boudreault (son), coaching musical (Julie Beaulieu), Affiche (Dominique Tremblay) et Programme (Nans Bortuzzo).

Renée Chevalier, peintre spatial, capteur d’émotions

Vendredi 9 mai 2008

Peindre est pour elle une œuvre de longue et profonde action. Elle a une pratique personnelle qui pourrait se comparer à ce que l’entraînement est pour les athlètes de haut niveau. Renée Chevalier est un peintre au long cour. Cette pratique de l’expression de manière personnelle et professionnelle, travail du sens et travail sur soi, comme œuvre de catharsis et de rédemption, œuvre de création originale et acte de dépassement, s’inscrit chez elle dans un parcours intérieur en contraste et en contrepoint à sa vie quotidienne civique et publique.

Recherche perpétuelle et appliquée, la peinture est son acte de foi. Peindre est cette gratuite et profonde confrontation avec le monde, une manière de s’approprier l’immédiate donnée que représente la vie dans sa pureté, les sentiments dans leur jaillissement, les émotions avec leur force et la pesanteur qui les caractérise.

De l’univers intime aux galaxies, de l’émotion fulgurante des stigmates et des secrets sacrés et profanes, de cette opposition entre une certaine banalité du profane et cette mer de sens cachée du sacré, il y a dans ce voyage pictural dynamique et inachevé, le spectre de la quête de sens qui anime l’acte créatif chez Renée Chevalier. Elle est aujourd’hui, aux plus récentes œuvres exposées et présentées à la Galerie LUZ, mélodie et contemplation de la musique électroacoustique, cet axe multi médiatique de son geste de peintre. Une autre recherche qui défie la quiétude et qui ouvre un espace neuf pour cette artiste en constant déséquilibre, créatif.

Voir et recevoir ses peintures, lire à travers les couleurs et se laisser emporter par les nombreuses nébuleuses qui jalonnent ses toiles tel est la démarche patiente à laquelle nous convie l’artiste peintre. Superposition de couleurs, étagement des combinaisons de tons, marques et strates de coloris, de tâches et arrimage spatial des univers, Renée Chevalier explore avec avidité les espaces. Elle crée la profondeur, rabote l’épaisseur, plonge dans les « trous noirs » de l’expression afin de mettre en relief sur papier tant de densité en couleurs, tant d’émotions en teintes pures.

Ses œuvres actuellement exposées à

La Galerie LUZ, 372, rue Sainte-Catherine ouest, suite 418, téléphone : 514-908-2880.

Gabi et les Monzù (Piccolo mondo, tanti frutti)

Vendredi 9 mai 2008

Avec Briga et Bartula (en lever de rideau et suite au spectacle principal)

Au Lion d’or samedi 19 avril 08.

Elle est d’une générosité extraordinaire, femme de vie profonde. Artiste pure et expressive, franche, engagée, tonique et belle sans compromis. Une beauté faite d’harmonie, une beauté pure qui est si rare dans l’univers des arts qu’elle paraît atypique. Gabi Macaluso, c’est elle.

Son album, Gabi & les Monzù : “PICCOLO MONDO, TANTI FRUTTI” est à prendre avec soi. Une série de pièces virtuoses, un concert de bonheur, une Å“uvre vivante, pleine de surprises et d’une qualité musicale supérieure.

La musique comme porteuse des choix et des projets qui animent notre société. Pour elle, la musique est intégrée au quotidien, elle est aussi un moyen de partager les convictions écologistes, elle permet, comme moyen et comme courroie de partage, de donner faire connaître et mettre en relief les dimensions sociales que vit l’artiste au service des plus démunis, au contact avec celles et ceux d’entre nous qui ont des limitations, artistes et personnes handicapés par nos regards, par nos préjugés, mais riches de cette diversité essentielle au talent et à la grâce.

Union complète entre la personne, sa vie engagée, l’artiste, la créatrice au cœur d’un projet avec d’autres amis, des complices magnifiques, vives et animées qui assurent les communications : Marie Ève Aubry et Julie Dubois. Femmes jeunes et douées dans le champ immense des relations publiques au service des arts. Une partition de création et de cohérence entre l’être qui crée et ses compositions qui riment avec découverte, avec ouverture, avec solidarité, avec justice et dignité.

Nous accompagnons Gabi et les Monzù au son de la basse, du violon, des percussions dont le cajon et son accordéon polyglotte qui vogue en Méditerranée, s’accorde avec les airs gitans des Balkans et les mélodies du Moyen-Orient aux accents Berbères en Français, en Italien, une arythmie dont les temps traversent les frontières de nos cœurs, compositions originales qui portent le voyage grâce aux élans sensuels de la voix de Gabi. Voix des steppes et de

la Transylvanie, voix d’ici et d’ailleurs, voix aux éclats subtils qui fondent dans nos imaginaires. Voix qui unit, voix qui soigne les cœurs blessés, voix qui porte un public aimant.

Les complices sur scène ce soir furent : Éric Breton aux percussions, c’est lui qui frappe le cajon, il

caresse les peaux de ses instruments et joue aussi de la derbouka avec adresse, lumière manuelle qui éclaire et donne la cadence aux pièces en symbiose avec la batterie de Patrick Dugas et Igor Bartula, maître bassiste dont le tempo est sûr, les coupes nettes et le support mélodique et harmonique sans faille. Au violon, mais aussi au violon électrique, le virtuose Youri Slovak dont le jeu est joyeux, savant et d’une fluidité incomparable. Il rivalise avec l’autre merveilleux musicien promis à un avenir exceptionnel, le guitariste expert Marc Papillon. Artiste au jeu d’une coordination rare, il insuffle aux notes une charge émotive et un son rock et actuel sans pareil donnant aux compositions de Gabi un tonus complémentaire indispensable. Il nous a ébloui et enchanté plusieurs dont un spécialiste, Pierre Demers, producteur qui a dit son contentement et son appréciation. Les principaux « morceaux » joués ont été :

INTRODUCTION IMPROVISÉE, RÉVOLUTION LUMINEUSE, RÉFUGIE-TOI,

LA NOSTRA TERRA, TEMPO VIVO, ZAÏRA, OÙ L’AS-TU MIS TON OISEAU DE COEUR : PIÈCES DE RICHARD DESJARDINS, TU SEI BLU, DIO, LES AFFRANCHIS,

LA VERDURE MIEUX QUE L’ORDURE, PAZ

Le site de l’artiste et du Groupe Les Monzù : http://www.gabimacaluso.com/

Le temps des Marguerites… à la folie ou pas du tout.

Jeudi 1 mai 2008

de Menka Nagrani et Richard Gaulin Avec Veronica Melis. Maison de la Culture Plateau Mont-Royal, 65 minutes. Spectacle du mercredi 23 avril 08.

Dynamisme, ouverture, sourire et un soin particulier aux personnes, aux créateurs, une énergie constante et un amour des arts et de la culture, à la Maison Plateau Mont-Royal, Joanne Germain, Agente culturelle, anime, rayonne et fait partager à toutes et tous, l’enthousiasme qui l’habite. C’est toujours un immense plaisir que de vivre un événement, un spectacle, une aventure, de découvrir une exposition, de chanter, d’écouter, avec d’autres heureux spectateurs, nos artistes dans la maison des arts du Plateau Mont-Royal. Esprit des ancêtres, esprits des divinités créatrices, esprit de la joie de créer, il y règne une ambiance favorable à l’expression, propice au bonheur de vire l’art.

Le spectacle débute, une démonstration de paix. Opéra de Faust, tragi-comique mais très sérieuse et efficace mise en scène de Richard Gaulin avec la chorégraphie et la direction artistique de Menka Nagrani. Ballet, coordination et merveilleuse intégration entre artistes, certains ayant des limitations, artistes en formation aux Muses de Cindy Schwartz. La belle et tonique Veronica Melis (Marguerite Actuelle qui ne veut, ne peut et demeure elle-même, jeunesse éternelle dans son cœur et dans la vie), occupe et brille sur scène. Danseuse chorégraphe et actrice de talent, elle joue en déployant cette souple et élégante tension et une expression qui s’enracine dans l’esprit de Bologne, les traditions de l’école italienne, sublime maîtrise d’un art vie qui donne une couleur de rêve à chacun de ses gestes. Elle a une force, une grâce et cet air léger, regard large et bercé d’amour du métier. Apanage rare des monstres sacrés des planches. Elle, Veronica Melis, enseigne à l’École nationale de théâtre du Canada ainsi qu’à l’École nationale de cirque. Heureux étudiants qui apprennent, cœur à cœur, directement de cette artiste pédagogue et généreux mentor.

Les autres partenaires sur la scène sans compter Méphistophélès joué par Nicolas Belle-Isle, sont élèves aux Muses : dans le rôle de Siebel (Jean-François Hupé), dans celui de Faust (l’ineffable et très naturel Michael Nimbley) et dans celui de Marguerite Opéra (Geneviève Morin-Dupont). Ils ont joué une œuvre composé en 1869 par Charles Gounod qui s’est inspiré de celle de Goethe. Faust, vieux docteur blasé, vend son âme au diable en échange de la jeunesse qui lui permet de faire la cour à la belle et très jeune Marguerite. Pas de performance opératique, des voix qui disent, qui chantent aussi au naturel, avec humour et une conviction charmante. Second et parfois troisième degrés, une quasi-dérision humaine et spirituelle. Pas un temps mort, nous sommes attentifs, nous sommes des spectateurs souriants, une salle de gens sérieux, devant cette belle démonstration en mouvement accompagnée de musique romantique. Tour de force des artistes associés [Lumières : David Desrochers, Scénographie : Julie Bourbonnais et Marie Bernard, Musiques : Charles Gounod extraits de l’opéra Faust et François Beausoleil musiques actuelles et montage, Violoncelle : Érich Kory, Régie de plateau : Kim Perrault, Assistante aux communications et à la production : Élodie Paternostre, Soutien technique : Maxime Berthiaume].